« La gentillesse, la fragilité, la fiabilité des garçons, on ne le dit pas souvent »
Les nouvelles les plus importantes de la journée

« La gentillesse, la fragilité, la fiabilité des garçons, on ne le dit pas souvent »

« La gentillesse, la fragilité, la fiabilité des garçons, on ne le dit pas souvent »
Les réalisateurs Arnaud et Jean-Marie Larrieu, à Cannes, le 23 mai 2024.

Arnaud (58 ans) et Jean-Marie (59 ans) Larrieu, deux frères quasi-siamois originaires de Lourdes, entrent dans l’arène cinématographique en 1999 avec Fin de l’été. Ils apportent, en plus de tournages récurrents dans leur Montagne Noire, un éclectisme joyeux, une manière très personnelle d’aborder les genres, un art qui leur est propre, sans renoncement et sans illusion, de cultiver les utopies et de ne jamais tourner en rond. Vingt-cinq ans de travail cinématographique fraternel – cela seul est un miracle – et une inspiration qui tient bon. Pour preuve, ce Le roman de JimAdapté d’un roman de Pierric Bailly (POL, 2021), le neuvième long métrage du duo, qui raconte l’éloignement cruel et les retrouvailles improbables d’un beau-père et de son beau-fils sur une période de vingt ans après que sa mère l’a éloigné de son amour. Un mélodrame sec et poignant, qui pourrait concourir au titre du plus beau film qu’ils aient jamais réalisé.

Lire la critique : Article réservé à nos abonnés « Le roman de Jim » : la douleur d’un « père de substitution » effacée de la photo de famille

On n’a pas l’impression d’avoir vu un film aussi cruel devant votre caméra. Aviez-vous une sorte de prescience lorsque vous l’avez réalisé ?

Jean-Marie Larrieu: La question ne se posait pas vraiment en ces termes. Nous avons adoré le roman et la question principale pour nous était : comment faire passer le message cinématographiquement ?

Arnaud Larrieu : Pour nous, l’adaptation est aussi l’occasion rêvée d’explorer un domaine qui n’est pas fondamentalement le nôtre. Mais cette cruauté, notamment à travers le personnage de Florence, incarné par Laetitia Dosch, était indéniablement présente dans le roman.

J.-ML: Mais on a tout fait pour l’atténuer quand même, on assume notre « renoirisme » : chacun ici a ses raisons…

AL: Oui, mais, déjà dans le roman, il y a en tout cas une complexité dans le personnage qui va au-delà de sa cruauté, même si, dramaturgiquement, disons, oui, c’est elle la méchante.

On a l’impression que vous avez aussi façonné ce personnage selon une sorte de sociotype qui contient sa part d’ironie : c’est la révolutionnaire des champs, qui fait volontiers la morale à ses amis mais qui se comporte comme la dernière des égoïstes…

J.-ML: Non, ce n’est pas aussi connoté que cela. Les personnages de notre film ne pensent pas à eux-mêmes. Disons que la scène à laquelle vous faites référence, dans laquelle elle détruit son amie, est un grand accès de colère. Nous préférerions dire qu’il y a chez elle des stratégies inconscientes.

AL: La violence qu’elle inflige sans doute à Aymeric, elle ne veut pas la lui infliger. Elle fait ce qu’elle pense être le mieux pour elle et pour son fils.

Il vous reste 70.92% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

Quitter la version mobile