Plusieurs casernes de gendarmerie ont dû suspendre le paiement de leurs loyers en raison de problèmes de trésorerie imputés notamment aux Jeux olympiques et au déploiement important de gendarmes en Nouvelle-Calédonie, a annoncé mardi 9 octobre le ministère de l’Intérieur, qui assure que la situation sera résolue dans « au début de l’année prochaine ». Le montant total des loyers impayés s’élève à 200 millions d’euros, a-t-il précisé.
Cette situation est due à trois raisons, selon le ministère : une « déficit initial de crédit »de la « des dépenses occasionnées par des événements en Nouvelle-Calédonie qui n’avaient pas été anticipés » et le « paiement des frais liés à la sécurité » des Jeux Olympiques qui « n’avaient pas été évalués à leur juste niveau ». Le ministère a donc dû « faire des choix » et a décidé de « prioriser les dépenses liées à l’activité opérationnelle pour les semaines à venir »par exemple le carburant. Le paiement des loyers pour septembre, octobre et novembre a été « reporté à décembre ».
LE « les loyers seront payés »ajoute le ministère, qui dit attendre de le faire « la fin du droit de la gestion et l’ouverture de nouveaux crédits en décembre » qui prévoit une enveloppe de 320 millions d’euros. « Ce n’est qu’un report de paiement, tout devrait rentrer dans l’ordre au début de l’année prochaine ».
« Pause des loyers »
A Elne, près de Perpignan, la gendarmerie n’a payé que le premier quart de son loyer annuel, a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) Nicolas Garcia, maire communiste de la commune de près de 10 000 habitants.
Un manque à gagner de plus de 100 000 euros qui pèse sur le budget de la ville. La municipalité s’est endettée à hauteur de trois millions d’euros pour la construction de nouveaux locaux de gendarmerie en 2012 et devra, malgré les dettes impayées, payer le remboursement annuel de son emprunt à hauteur de 151 762 euros. « Une ville comme la nôtre est toujours du ric-rac. Le risque est de devoir réduire certains coûts de fonctionnement »a regretté M. Garcia, ajoutant que la gendarmerie devait également à sa commune la taxe sur les ordures ménagères depuis trois ans.
Dans la communauté de communes de l’Aillantais (Yonne), la gendarmerie a annoncé « un gel » loyers à partir d’octobre 2024, selon son président Mahfoud Aomar. « Nous avons reçu un mail daté du 25 septembre de la part des affaires immobilières de la gendarmerie nationale, avec pour objet « Pause des loyers ». C’est burlesque ! C’est la gendarmerie ou la police qui expulsent ceux qui ne paient pas leur loyer. Et, quand on a une contravention de la gendarmerie, on ne peut pas dire qu’on ne va pas payer »a-t-il déclaré à l’AFP.
Président de l’Association des maires de France (AMF) des Pyrénées-Orientales et maire de Sainte-Marie-la-Mer, Edmond Jorda a dénoncé un « double peine ». « Les communes assurent déjà la trésorerie de l’Etat en portant les emprunts à la construction de la gendarmerie. Et faudrait-il aussi avancer davantage d’argent pour compenser le non-paiement du loyer ? » L’AMF demande que les loyers impayés soient avancés par les directions départementales des finances publiques, a indiqué M. Jorda.
Report de paiement «ne concerne pas les petits propriétaires, les particuliers et les petites collectivités»ni ceux d’outre-mer, assure le ministère. « Uniquement les bailleurs dont la trésorerie est en mesure de supporter ces retards » sont concernés, a-t-il ajouté, précisant avoir demandé aux autorités locales, notamment aux préfets de zone, de « réagir immédiatement dès qu’un problème survient pour un bailleur fragile ».