Les députés PS ont décidé lundi de voter en faveur de l’examen en commission de la proposition LFI de destituer Emmanuel Macron, mais voteront ensuite contre son adoption à l’Assemblée nationale. Le Parti socialiste prend le risque de s’éloigner encore davantage de son ancienne culture de gouvernement.
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Le bureau de l’Assemblée se prononcera mardi 17 septembre au matin sur la recevabilité de la motion de destitution d’Emmanuel Macron. La procédure sera enclenchée puisque toute la gauche, pourtant majoritaire au bureau de l’Assemblée, votera pour. Une fois de plus, les socialistes n’ont pas voulu contrarier Jean-Luc Mélenchon. Leurs trois députés, dont les votes sont déterminants, approuveront donc la recevabilité de la motion déposée par les Insoumis, tout en espérant… son échec ! Ou quand les clivages se transformeront en cynisme.
Les socialistes répètent dans un communiqué qu’ils sont «tous résolument opposés à cette procédure. » Donc ils s’y opposeront « à l’unanimité » Ils disent, mais seulement lors de son examen en commission des lois, puis en séance publique. A moins bien sûr qu’un nouvel éclat de Jean-Luc Mélenchon ne les fasse céder d’ici là. De toute façon, l’échec de cette motion est inéluctable, car il faudrait d’abord que le Sénat se saisisse de la même motion, et in fine, qu’elle soit approuvée dans chacune des deux chambres à la majorité des trois cinquièmes.
La gauche veut maintenir la pression sur Emmanuel Macron. Il s’agit d’entretenir la polémique. En cela, la France Insoumise est fidèle à sa stratégie, celle de vouloir « tout est en conflit »comme le répète Jean-Luc Mélenchon, à l’Assemblée comme dans la rue où LFI appelle à manifester. En revanche, en se laissant emporter par cette stratégie contestataire, le PS, qui a déjà ruiné les chances de Bernard Cazeneuve à Matignon, prend le risque de s’éloigner encore davantage de son ancienne culture de gouvernement.
Le déroulement de cette procédure pourrait affaiblir Emmanuel Macron ou, au contraire, le renforcer. Si la gauche se laisse emporter par les excès verbaux des insoumis, elle pourrait apparaître comme le camp du désordre, celui qui veut semer le chaos politique, et renforcer Emmanuel Macron comme pôle de stabilité. Une procédure vouée à l’échec ne menace guère le président de la République. En fait, la gauche se trompe d’outil.
Le Nouveau Front populaire prône une VIe République plus parlementaire. Il doit savoir que la légitimité du gouvernement Barnier sera en jeu à l’Assemblée. C’est si les députés font tomber un ou plusieurs gouvernements successifs qu’Emmanuel Macron pourrait vite se retrouver acculé, voire contraint à la démission. La procédure d’impeachment victimise le président de la République, transformé en cible ; la censure du gouvernement le rendrait à l’inverse responsable du blocage.
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