La lettre publiée dans le PQR par le président de la République demandant aux « forces politiques qui se reconnaissent dans les institutions républicaines » de « construire une majorité solide » a été diversement appréciée par la classe politique. Certains, à gauche, estiment qu’Emmanuel Macron s’oppose « au verdict des urnes ».
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A gauche, certaines voix appellent à faire pression sur Emmanuel Macron pour l’obliger à nommer un Premier ministre issu du Nouveau Front populaire. Une réponse à la lettre du chef de l’Etat exhortant « les forces politiques républicaines » pour former un « grand rassemblement ». Les Insoumis, emmenés par Jean-Luc Mélenchon, ont fustigé une « coup de force »LE « Le retour du veto d’un monarque » opposé « au verdict des urnes »La cheffe de la CGT, Sophie Binet, a pris le relais en comparant Emmanuel Macron à « Louis XVI enfermé à Versailles ».
Les branches ferroviaires et énergétiques du syndicat réclament « rassemblements devant les préfectures et à proximité de l’Assemblée » Jeudi 18 juillet, jour de l’élection du nouveau président de l’Assemblée, pour « exiger la mise en place d’un gouvernement de Front populaire »L’ancien député du Nord, Adrien Quatennens, très proche de Jean-Luc Mélenchon, a même évoqué le spectre d’une « grande marche populaire vers Matignon ».
Ce n’est pas vraiment envisageable. D’abord parce que ces appels divisent la gauche. Ils ne viennent que de sa frange la plus radicale, et d’une CGT qui s’est rapprochée des Insoumis depuis que Sophie Binet est à la tête de la confédération. La première victime d’une marche sur Matignon serait sans doute le Nouveau Front populaire. La secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon, par exemple, jugeait : « il est légitime que le bloc qui arrive en tête pose ses conditions », mais cela a aussi incité la gauche « gouverner, construire des alliances et des compromis. » En fait, c’est d’abord un mythe, celui du « Front Popu », le vrai, celui de l’été 36 qui nourrit les envies de certains de descendre dans la rue. Sauf qu’à l’époque, c’est après la large victoire de la gauche et la nomination de Léon Blum à Matignon que les ouvriers se mettent en grève pour contraindre le gouvernement à mettre en place un programme social de rupture.
D’autres organisations menacent également de prendre des mesures, la Coordination rurale veut « Sortez les fourches » Si des écologistes ou des Insoumis entrent au gouvernement, cette organisation, courtisée par le RN, a provoqué des incidents lors du mouvement paysan début 2024, notamment en perturbant violemment la visite du chef de l’Etat au salon de l’agriculture. Les politiques sont surtout hantés par le souvenir des violences du mouvement des Gilets jaunes. A l’époque, les Insoumis avaient couru après une mobilisation qui avait surtout profité à l’extrême droite.
Depuis dimanche, les élus répètent que le Parlement est redevenu le cœur battant de la vie politique. Peut-être, mais à condition qu’ils se montrent à la hauteur de leur tâche. Sinon, dehors, dans la rue, un nouvel accès de colère pourrait bien les submerger.