La garde à vue de Pavel Dourov prolongée jusqu’à mercredi
Le patron du service de messagerie cryptée est interrogé pour 12 délits liés au « crime organisé ». Son garde du corps et son assistant ont été entendus par les enquêteurs, avant d’être relâchés.
La garde à vue de Pavel Dourov, le patron russe de Telegram, a été officiellement prolongée jusqu’à mercredi. Arrêté samedi 24 août, l’homme d’affaires est interrogé dans le cadre d’enquêtes lancées pour des infractions à la loi sur la protection des données (LPD) « crime organisé »dont le refus de communiquer les informations nécessaires aux interceptions autorisées par la loi et l’association de malfaiteurs, a précisé lundi 26 août le parquet de Paris. L’information judiciaire, ouverte le 8 juillet après une enquête préliminaire de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), porte au total sur douze infractions, détaillées dans un communiqué par Laure Beccuau.
Sont également visées, entre autres, la complicité dans l’administration d’une plateforme en ligne permettant une transaction illicite en bande organisée, la possession et la diffusion d’une image d’un mineur à caractère pédopornographique, la violation de la législation sur les stupéfiants, l’escroquerie en bande organisée ainsi que le blanchiment de crimes ou de délits en bande organisée et la fourniture de services de cryptologie visant à assurer des fonctions de confidentialité sans déclaration en bonne et due forme.
Garde à vue prolongée
Les juges d’instruction en charge de cette affaire ont confié les investigations au Centre de lutte contre la criminalité numérique (C3N) et à l’Office national de lutte antifraude (ONAF), rappelle-t-on. La garde à vue de Pavel Dourov a été prolongée dimanche soir par l’un des magistrats instructeurs. « et peut durer 96 heures »jusqu’à mercredi, « compte tenu de la procédure applicable aux infractions relevant du régime de la criminalité organisée »précise Laure Beccuau. Son garde du corps et son assistante, qui le suivent en permanence, ont été interrogés par les enquêteurs avant d’être relâchés, selon une source proche du dossier.
Le milliardaire franco-russe de 39 ans a été interpellé samedi soir à l’aéroport de Paris-Le Bourget, au nord de Paris. Le fondateur de Telegram arrivait de Bakou et devait passer au moins la soirée à Paris, où il avait prévu de dîner. Le service de messagerie en ligne lancé en 2013 par Pavel Dourov et son frère Nikolaï, sur lequel les communications peuvent être cryptées de bout en bout et dont le siège social est à Dubaï, a notamment promis de ne jamais dévoiler d’informations sur ses utilisateurs.
Une décision « absurde »
« Il est absurde de dire qu’une plateforme ou son patron sont responsables d’abus » Les accusations ont été soulevées sur ladite plateforme, a assuré dimanche soir Telegram sur sa propre chaîne, assurant être conforme aux lois européennes. L’arrestation de Pavel Durov a suscité de nombreuses réactions internationales. Le PDG de Telegram a notamment reçu le soutien d’Elon Musk, propriétaire de la plateforme X. « Liberté. Liberté ! Liberté ? »a écrit le milliardaire sur sa plateforme dimanche.
Le Kremlin, pour sa part, a jugé lundi « inapproprié » de commenter l’arrestation à ce stade. « Nous ne savons pas précisément de quoi est accusé Durov, nous n’avons entendu aucune déclaration officielle à ce sujet. »a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avant les éclaircissements du procureur de Paris. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères avait déjà déclaré dimanche que « L’ambassade de Russie à Paris s’est immédiatement mise au travail, comme c’est l’habitude. » en cas de détention de citoyens russes à l’étranger.