Nouvelles locales

la Galerie Borghèse, étendard d’une puissante famille romaine

Être le neveu du pape avait ses avantages. Scipione Borghese (1577-1633) fut l’heureux bénéficiaire de la charge suprême de son oncle Camille, élu en 1605 sous le nom de Paul V. La même année, le nouveau pontife offrit au fils de sa sœur son nom, ses armoiries et le titre de cardinal…

Scipion aimait l’art. Sa position lui a permis de constituer une collection remarquable, des antiques à ses contemporains. Il a notamment réussi à réunir sept tableaux du Caravage. L’un d’eux trône majestueusement au musée Jacquemart-André, qui célèbre sa réouverture après plusieurs mois de travaux en accueillant une sélection d’œuvres de la galerie Borghèse de Rome, actuellement fermée pour restauration.

Les premiers génies

LE Garçon avec un panier de fruits (vers 1596) nous offre un regard indéfinissable : langoureux ou las, amical ou provocateur ? Et quel contraste entre le visage adolescent et la puissance du cou, de l’épaule musclée sensuellement découverte par la chemise blanche aux plis intensément caravagesques.

« Cette peinture de jeunesse, note Pierre Curie, commissaire de l’exposition avec Francesca Cappelletti, témoigne déjà de son génie de portraitiste – sans doute un autoportrait rétrospectif – et de sa virtuosité dans l’exécution de natures mortes, qu’il exerça dans l’atelier du Cavalier d’Arpin où il s’adonna aux décorations florales. D’un naturel éblouissant, les fruits brillants et les feuilles nervurées ici et là trahissent leur future corruption.

Bon goût et stratégie

Bien que d’autres chefs-d’œuvre de Botticelli, Raphaël, Titien, Véronèse et Lorenzo Lotto aient fait le déplacement, leurs absences ne sont pas cachées. « Il est impossible d’apporter les immenses groupes sculptés par le Bernin, confie Pierre Curie, joyaux de la galerie romaine. Scipion décèle les dons exceptionnels de cet artiste, alors âgé de vingt ans. On peut dire que c’est lui qui a fait le Bernin !

L’exposition comble cependant le visiteur de quelques chefs-d’œuvre accrochés de manière aérée. Scipione Borghese répond à son goût personnel mais entend aussi raconter l’histoire de l’art péninsulaire, du nord au sud et de l’époque romaine aux années 1600. Dans le cadre de sa villa, l’atmosphère moins étouffante que celle du Vatican est aussi propice à une sociabilité bien utile aux « affaires » politiques et diplomatiques de sa glorieuse famille.

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page