REPORTAGE – Début juillet, le site ITER, qui abrite le plus grand projet de fusion nucléaire au monde, a annoncé officiellement que son démarrage était repoussé à 2035, soit dix ans après la date prévue. « Le Figaro Magazine » s’est rendu sur place et a écouté les ingénieurs de cette aventure planétaire.
Cet article est issu du « Figaro Magazine »
La baie vitrée du bureau de Pietro Barabaschi offre une vue panoramique sur le fuselage du bâtiment principal. Sous cette coque se trouve le chantier de construction du plus grand tokamak du monde. Le mot tokamak ne vient pas du mot « hamac » ni des Indiens d’Amérique. C’est l’acronyme russe de « chambre toroïdale à bobines magnétiques ». Toroïde, dans le langage courant, signifie « un anneau à structure fermée ». Bienvenue dans le monde ésotérique de la physique fondamentale…
Il existe de nombreux tokamaks sur la planète, environ 150, mais celui-ci bat tous les records. Il est caché derrière un grand rectangle de tôle gris foncé, au milieu de la Provence des montagnes et des forêts. Ceux que l’écrivain Jean Giono défendait contre l’expansion des hommes modernes et pressés. Il s’était opposé, depuis les années 1960, à l’achat par le Commissariat à l’énergie atomique de 1800 hectares de forêts et de landes…