La fusée européenne Ariane-6 décolle pour la première fois
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La fusée européenne Ariane-6 décolle pour la première fois

La fusée européenne Ariane-6 décolle pour la première fois
Le lanceur Ariane-6 de l'ESA en Guyane française le 9 juillet 2024.

La fusée Ariane-6 a décollé mardi 9 juillet de son pas de tir de Kourou, en Guyane, pour son lancement inaugural destiné à qualifier en vol le nouveau lanceur qui doit assurer l’accès autonome de l’Europe à l’espace, selon l’Agence France-Presse (AFP).

Avec un retard d’une heure en raison d’un problème « mineure » Débloquée dans la matinée, la fusée de 56 mètres a allumé ses deux propulseurs d’appoint et le moteur Vulcain de son étage principal à 16 heures (heure de Paris) avant de s’élever dans un ciel dégagé et d’entamer son vol de 2 heures 51 minutes et 40 secondes.

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Dans la salle Jupiter, la tour de contrôle de mission située à 17 kilomètres du pas de tir, le calme des opérateurs contraste avec l’excitation d’un vol attendu depuis quatre ans par le spatial européen. « Propulsion nominale, trajectoire conforme aux prévisions »a annoncé le directeur des opérations, Raymond Boyce, avant que l’étage supérieur ne s’illumine sous les applaudissements de la salle.

Pour cette première mission, opérée par l’Agence spatiale européenne (ESA), reste « une part de risque » Malgré les nombreux essais au sol et simulations effectués depuis des mois, selon Philippe Baptiste, le patron du CNES, l’agence spatiale française, qui, à l’unisson des responsables du vol, affirme néanmoins  » confiant « .

Historiquement, près de la moitié des premiers lancements de fusées ont été des échecs, comme la première Ariane-5 en 1996, qui n’a échoué que deux fois sur 117 lancements. La fusée, dont le développement a pris quatre ans de retard, ne transporte donc pas de satellites commerciaux, mais quinze microsatellites issus d’universités et d’expériences diverses.

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Il emporte également deux capsules de rentrée atmosphérique qui seront larguées à la fin de la mission. Ces capsules développées par la start-up franco-allemande The Exploration Company et Arianegroup doivent préparer le cargo spatial dont l’ESA veut se doter.

Avec une décision de construction prise en 2014, Ariane-6 pourra placer des satellites en orbite géostationnaire, à 36 000 kilomètres d’altitude, comme Ariane-5, ainsi que mettre en orbite des constellations à quelques centaines de kilomètres de la Terre. Pour cela, l’étage supérieur de la fusée est doté du moteur rallumeable Vinci, principale innovation du lanceur.

Durant le vol, le moteur Vinci doit être allumé trois fois. Une première fois pendant onze minutes, puis une seconde fois pendant vingt-deux secondes pour amener l’étage supérieur à l’endroit où il larguera les « cubesats », une heure et six minutes après le décollage.

La mise en orbite des satellites permet de considérer le lancement comme un succès, a expliqué Toni Tolker-Nielsen, directeur des transports spatiaux de l’ESA. Mais le succès ne sera total que si l’étage supérieur lui-même ne reste pas en orbite sous forme de débris : la dernière étape de Vinci consiste à le renvoyer dans l’atmosphère où il retombera dans le Pacifique près du point Nemo, le point le plus éloigné du globe terrestre.

Un vol stratégique pour continuer à exister face à SpaceX

Ce vol d’Ariane-6 est stratégique pour les Européens s’ils veulent continuer à exister face au géant américain SpaceX qui lance ses fusées réutilisables Falcon-9 environ deux fois par semaine.

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Depuis le dernier vol d’Ariane-5 il y a un an, les Européens ne peuvent plus mettre seuls un satellite en orbite : depuis l’invasion de l’Ukraine, ils n’ont plus accès au lanceur moyen russe Soyouz, qui a servi dix ans en Guyane, et la fusée Vega-C est clouée au sol depuis fin 2022 après un accident.

Après ce premier vol, il faudra plusieurs mois pour analyser les données transmises par les multiples capteurs du lanceur avant un premier lancement commercial en fin d’année, probablement avec le satellite d’observation militaire français CSO-3.

« Aujourd’hui est un moment très important : nous rétablissons l’accès indépendant de l’Europe à l’espace »se réjouit le directeur général de l’ESA, Joseph Aschbacher. Le défi sera alors de « réussir la montée en puissance » vols, selon Toni Tolker-Nielsen : six sont prévus pour 2025 et huit l’année suivante.

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Ariane-6 compte vingt-neuf vols dans son carnet de commandes, un « un succès absolument sans précédent pour un lanceur qui n’a pas volé »a récemment félicité Stéphane Israël, patron d’Arianespace, la société chargée de la commercialisation et de l’exploitation de la fusée.

Le programme a cependant récemment subi un sérieux revers : Eumetsat, l’opérateur de satellites météorologiques européens, a annulé fin juin le lancement de son satellite MTG-S1 prévu sur Ariane-6 début 2025 au profit de l’américain SpaceX, invoquant « circonstances exceptionnelles » non spécifié. Une décision prise par un organisme intergouvernemental de trente pays européens  » difficile à comprendre « pour le patron de l’ESA, Joseph Aschacher.

Pour le patron du CNES, il s’agit d’une violation du principe de préférence européenne. Il faut prendre « les mesures nécessaires pour garantir que tous les satellites institutionnels européens soient lancés sur des petits et grands lanceurs européens »appelé Philippe Baptiste.

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Le Monde avec l’AFP

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