Une filière de production de munitions de petit calibre va être recréée en France, fruit d’une lettre d’intention signée aujourd’hui à Paris par le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, et son homologue belge, Ludivine Dedonder.
C’est sans aucun doute la fin d’un serpent de mer. Paris et Bruxelles ont convenu de réinstaller conjointement une industrie de petit calibre sur le sol français. Aussi régulièrement évoqué que rejeté, le sujet de la souveraineté française en la matière avait pris une autre consistance au regard du conflit russo-ukrainien et des enjeux d’approvisionnement qu’il entraînait.
» La France confirme son intention de renforcer la coopération bilatérale avec l’entreprise belge historique dans le domaine de la production de munitions de petit calibre afin de renforcer notre autonomie stratégique », a déclaré la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder.
Longtemps discuté en coulisses, ce nouveau projet binational prévoit la création d’une chaîne d’assemblage de munitions s’appuyant sur le savoir-faire belge. Le partenariat comprend également l’acquisition par la France de munitions » directement de l’industrie belge » en se concentrant sur le mécanisme pluriannuel mis en place par la Défense belge avec la société liégeoise FN Herstal. Proposé dès l’origine à la France, ce partenariat établi depuis 20 ans sera également rejoint par le Grand-Duché de Luxembourg.
» Les industriels travaillent à ce stade sur les questions de financement de l’investissement, le projet devant démarrer dans les prochains mois. », indique le ministère des Armées dans un communiqué. Si aucun nom n’est évoqué, cette opération reviendra logiquement à la FN Herstal.
» Il y a un segment sur lequel nous sommes fragiles depuis maintenant quinze ans, c’est le secteur des munitions de petit calibre. », a déclaré Sébastien Lecornu, les choix opérés alors ayant créé « Dépendance française vis-à-vis des secteurs étrangerss ». La double dynamique initiée hier contribuera donc à mettre fin à cette situation de dépendance vécue de longue date par les armées françaises et exacerbée par la dégradation du contexte sécuritaire.
L’installation d’une ligne en France et les achats auprès de FN Herstal permettront « arrêter progressivement les acquisitions de munitions de petit calibre en dehors de l’Union européenne », ajoute le ministre des Armées. La démarche se veut stratégique tant sur le plan industriel que militaire. Non seulement les deux pays sont engagés conjointement dans plusieurs opérations du Moyen-Orient jusqu’en Europe centrale, mais ils misent sur un allié voisin pour s’approvisionner rapidement en munitions », c’est du bon sens », estime Sébastien Lecornu.
L’approvisionnement en poudres de petit calibre ne devrait pas non plus susciter de soucis majeurs, trois jours de production sur le site belge d’EURENCO suffisent à couvrir le besoin annuel français, nous expliquait récemment ce spécialiste européen des matériaux énergétiques.
Crédits images : FN Herstal