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La France réprime le travail du sexe à l’occasion des Jeux olympiques



« Je me sens vraiment sous pression, j’ai constamment peur. Tous les jours, il y a des contrôles de police », raconte l’homme de 55 ans, sous un autre nom pour ne pas être reconnu.

« Je sors donc de moins en moins pour travailler. »

Selon les estimations du gouvernement et d’organisations caritatives, environ 40 000 personnes – en grande majorité des femmes – vendent ou sont exploitées à des fins sexuelles en France.

Selon la loi française, la vente de services sexuels est autorisée, mais il est illégal d’exploiter quelqu’un ou de payer pour des services sexuels, ce qui place la responsabilité pénale sur les proxénètes et les clients.

C’est plus compliqué cependant si la travailleuse du sexe est sans papiers.

« J’ai tellement peur d’être arrêtée que je ne travaillerai pas dans la rue pendant les JO », ajoute la divorcée, arrivée en France il y a sept ans dans l’espoir de gagner un salaire décent comme femme de ménage, et à qui on a diagnostiqué un cancer du sein.

« S’ils m’arrêtent, je serai renvoyé en Chine et ils ne me donneront pas de soins médicaux là-bas. »

Dans un bureau de l’association Médecins du Monde, à Belleville, dans le nord-est de Paris, elle a fondu en larmes.

« Je ne comprends pas, qu’avons-nous fait à qui que ce soit ? » s’exclame la Chinoise, qui dit vendre parfois ses services à des clients plus sympathiques pour seulement 20 euros (21 dollars) parce qu’« ils n’ont pas d’argent, et moi non plus ».

Dans un autre quartier de Paris, dans une rue célèbre pour le commerce du sexe près du centre-ville, Mylène Juste était à la recherche de clients.

Elle a déclaré qu’elle était particulièrement préoccupée par les nouvelles règles de sécurité limitant la circulation des piétons et des véhicules autour de Paris.

« Nos clients habituels ne pourront pas venir avec toutes les restrictions en place », explique Juste, 50 ans, travailleuse du sexe depuis 22 ans.

« Et je ne pense pas que les touristes qui passent vont nous sauter dessus. Alors on sort d’ici », a-t-elle ajouté.

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Commandes en ligne

Avant la cérémonie d’ouverture le long de la Seine pour la fête sportive de quinze jours qui a eu lieu vendredi, les travailleuses du sexe comme Hua et Juste ont pratiquement disparu de leurs lieux de prédilection parisiens.

Mais comme la plupart des échanges sexuels se font aujourd’hui en ligne, la police qui lutte contre l’exploitation sexuelle concentre également ses efforts sur ce secteur.

« Les clients vont sur un site, cochent une catégorie, un prix et une heure », explique à l’AFP une policière spécialisée dans la question.

C’est comme commander de la nourriture en ligne, « sauf que ce sont des filles » qui sont livrées, a-t-elle dit, demandant à rester anonyme en raison de la nature de son travail.

Médecins du Monde, qui tente également de soutenir virtuellement les travailleuses du sexe, affirme avoir récemment vu plus de 46 000 annonces en une seule soirée sur un site Web populaire.

Grâce au projet Jasmine de l’association, depuis 2019, les travailleuses du sexe ont signalé des dizaines de milliers de clients « à risque » ou « dangereux » afin de mettre en garde les autres.

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« Augmente les attaques physiques »

La préparation des Jeux a également coïncidé avec une décision clé de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), basée à Strasbourg, rendue jeudi, qui a déclaré que la criminalisation par la France des clients des travailleuses du sexe ne viole pas la Convention européenne des droits de l’homme.

Cette décision a déçu certains groupes de défense des droits de l’homme qui estiment que la politique française ne fait qu’accroître la stigmatisation des travailleuses du sexe.

« La criminalisation accroît les agressions physiques, les violences sexuelles et les abus policiers contre les personnes qui vendent des services sexuels, sans pour autant avoir d’effet démontrable sur l’éradication de la traite des êtres humains », a déclaré Erin Kilbride, chercheuse sur les droits des femmes et des LGBT à Human Rights Watch.

Les autorités françaises craignent que des gangs faisant la promotion de femmes du Brésil, de Colombie et du Paraguay continuent de faire de la publicité pendant les Jeux.

Ils spéculent que la prostitution haut de gamme pourrait être en hausse avec tous les visiteurs fortunés attendus.

Mais ils restent également préoccupés par l’augmentation du nombre de mineurs victimes d’abus ces dernières années, y compris de jeunes filles vulnérables prises en charge par l’État.

Selon l’association de défense des droits de l’Homme Agir contre la prostitution des mineurs, environ 20 000 mineurs sont exploités sexuellement en France.

En mai, un tribunal a emprisonné cinq hommes pour avoir payé des actes sexuels avec une fille de 12 ans, dans un cas rare où une telle affaire est portée devant un tribunal.

Elle a été victime de prostitution après s’être enfuie de chez elle.


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