La France recommence à brûler du charbon. La centrale électrique de Saint-Avold (Moselle), l’un des deux sites charbonniers de France, a repris du service ce mardi, a appris l’AFP auprès de GazelEnergie. La centrale thermique redémarre en hiver, lorsque le froid s’installe et que le système est sous tension et fonctionne ainsi en moyenne une vingtaine de jours par an.
Ce regain d’intérêt intervient en pleine ouverture de la COP29 en Azerbaïdjan. Or, la combustion du charbon est considérée comme l’une des principales causes du réchauffement climatique. Face à ce bilan carbone désastreux, l’usine a fermé ses portes début 2022. Mais elle a finalement été sollicitée un an plus tard, en janvier 2023, pour sécuriser l’approvisionnement du pays dans un contexte de tension énergétique.
La France reste, en tout cas, l’un des meilleurs élèves de la décarbonation en Europe. Il suffit de se tourner vers l’Allemagne pour comprendre à quel point le Vieux Continent dépend encore largement de l’or noir. Elle représente encore un quart du mix énergétique allemand. Et Berlin ne s’en débarrassera pas avant 2030, au mieux. La France dispose d’une énergie largement décarbonée grâce à ses centrales nucléaires et n’utilise le charbon que dans des circonstances exceptionnelles.
Transformation en centrale à gaz
Une centaine de salariés et plus de 150 sous-traitants travaillent encore à Saint-Avold, mais le charbon doit être définitivement abandonné d’ici 2027, conformément à une déclaration d’Emmanuel Macron en septembre 2023. Pour ce faire, l’usine prépare sa reconversion, avec un projet biomasse dans un premier temps, mais également avec un projet gazier.
La ministre de l’Energie, Olga Givernet, a toutefois émis des réserves mardi sur cette conversion au gaz. » Pour donner du recul, il faut aller vers des énergies décarbonées. Le gaz ne l’est pas. Si on utilise du biogaz, c’est bien mieux. La biomasse est également une possibilité, mais la copie doit d’abord être solide, ce qui n’est pas le cas. », a-t-elle estimé sur BFM Business.
» Le projet est sur la table depuis des semaines et il est solide, plus que solide », a insisté auprès de l’AFP Thomas About, délégué syndical CFDT à la centrale, estimant que plus le gouvernement « On attend, on tergiverse, plus on brûle du charbon « .
Depuis des mois, l’avenir du site est incertain et les salariés ont déposé des préavis de grève pour alerter les politiques sur le risque de fermer l’usine en 2027, sans reconversion. Aucune interruption de la production électrique n’est prévue, a assuré Thomas About. A noter que l’autre centrale à charbon française, à Cordemais (Loire-Atlantique), fermera ses portes en 2027 sans aucun projet de conversion.
Blocage législatif
Un amendement au projet de loi de finances, soutenu par 26 parlementaires, a été déposé par la députée mosellane Nathalie Colin-Oesterlé (UDI) pour permettre la conversion de la centrale au gaz. Selon Thomas About, délégué syndical CFDT, le gouvernement s’est déclaré défavorable à cet amendement. Interrogé, le ministère de la Transition écologique a expliqué que l’article concerné ayant été retiré, le gouvernement n’avait pas formellement commenté cet amendement.
Il appartient à la société GazelEnergie, propriétaire du site, » de démontrer la faisabilité technique et économique de son projet et sa compatibilité avec la décarbonation de notre production électrique », a expliqué le ministère de la Transition écologique à l’AFP. Or, » l’amendement n’a en aucun cas permis de résoudre ces questions qui doivent être traitées par l’opérateur « . L’amendement présentait en outre « incompatibilités avec le droit existant », selon le ministère. » L’État s’engage à trouver une solution durable pour le site et les salariés », a-t-il assuré.
(Avec l’AFP)