Sciences et technologies

La France réalise le premier vol d’un ballon stratosphérique manœuvrant

Premier vol réussi du ballon de manœuvre BalMandéveloppé et fabriqué par le groupe Hemeria et sous maîtrise d’œuvre par le CNES. Une très bonne nouvelle pour la France qui souhaite devenir l’un des leaders mondiaux dans le domaine des très hautes altitudes (entre 20 et 100 km). Dans la nuit du 30 au 31 octobre, BalMan s’est produit à « des retards records » selon Nicolas Multan, directeur général d’Hemeria, son premier essai en vol depuis le Centre Spatial Guyanais (CSG). Ce vol a permis de valider « la fiabilité de l’enveloppe du ballon stratosphérique et des systèmes de sécurité des vols en haute altitude »expliquent le CNES et Hemeria dans un communiqué commun. Surtout, cela confirme l’ambition de la France dans la manoeuvre de ballons à travers le leadership européen d’Hemeria.

« Le succès de ce premier vol du ballon manœuvrant BalMan souligne une fois de plus le savoir-faire exceptionnel de la France dans le domaine des aérostats », a souligné la directrice des systèmes et applications orbitaux du CNES, Caroline Laurent.

Longtemps négligée par les militaires, cette partie d’altitude redevient un espace stratégique où tout est à construire : enjeux doctrinaux, enjeux opérationnels et enjeux capacitaires. L’exemple du ballon chinois d’environ 25 mètres de large, considéré par le Pentagone comme un engin d’espionnage et abattu en février 2023 par un F-22A Raptor au large de la Caroline du Sud par l’armée américaine sur ordre du président Joe Biden, démontre une nouvelle fois un enjeu stratégique même si la Chine soutient de son côté qu’il s’agissait d’un avion civil.

Rester longtemps dans une zone d’intérêt

Véritable enjeu stratégique pour la France, ce projet innovant de ballon stratosphérique a été initié dans le cadre de France Relance, avec le soutien de la Direction générale de l’Armement (DGA) et du CNES. « Avec ce nouveau type de ballon manœuvrant, l’objectif est de contrôler la dépendance des mouvements du ballon aux vents afin de contrôler la direction du système »précisent le CNES et Hemeria. L’objectif est de rester au-dessus d’une zone géographique d’intérêt, à plusieurs dizaines de kilomètres d’altitude, bien plus longtemps que ne peuvent le faire un ballon dérivant, un avion ou même un drone.

Le programme de ballons stratosphériques manœuvrants « démontre l’approche innovante mise en œuvre par une agence et une industrie avec un objectif commun. Nous allons désormais franchir de nouvelles étapes vers le produit opérationnel», a expliqué le directeur général d’Hemeria, Nicolas Multan, dont le groupe a participé à son financement.

Suite à ce premier vol d’essai, un deuxième vol aura lieu en 2025. Il testera la capacité de manœuvre du ballon et l’emport d’une charge utile (50 kg de charge utile maximum). BalMan présente un grand intérêt pour les militaires et trouvera des applications autour de la météorologie et de la surveillance des zones à risques (surveillance des départs d’incendies, des éruptions volcaniques, etc.). « Les activités BalMan va désormais continuer à proposer rapidement cette technologie aux communautés scientifiques, de défense ou aux opérateurs commerciaux »» a confirmé Caroline Laurent.