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La France peut-elle rassembler suffisamment de pays opposés au traité de libre-échange pour obtenir une minorité de blocage ?

Pour réussir à faire rejeter le texte, la France doit rallier au moins trois autres pays, représentant avec elle plus de 35 % de la population de l’Union européenne. Seule la Pologne s’est pour l’instant déclarée opposée au traité.

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Emmanuel Macron et le Premier ministre polonais Donald Tusk discutent lors d'une rencontre à Budapest (Hongrie), le 7 novembre 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

La France assume son rôle de fer de lance de l’opposition au traité UE-Mercosur. Fort d’un « mandat démocratique » après le vote des députés et sénateurs, respectivement mardi 26 et mercredi 27 novembre, contre l’accord de libre-échange en préparation, Paris dispose d’un « légitimité pour défendre la voix du non devant la Commission et le Conseil européen »s’est félicitée la ministre du Commerce extérieur, Sophie Primas. Mais concrètement, la France peut-elle espérer voir son opposition en venir à bout ?

Le Conseil de l’Union européenne, composé des ministres des 27 États membres, doit approuver l’accord entre l’UE et le Mercosur à la majorité qualifiée. Il faut que 55% des Etats membres (soit 15 sur 27), représentant au moins 65% de la population totale de l’UE, expriment un vote en faveur du traité, explique le site Internet de l’institution. La France n’a donc aucune chance d’empêcher seule la signature de l’accord de libre-échange. En revanche, elle peut constituer, à deux conditions, une minorité de blocage. Pour ce faire, il faudrait qu’elle rassemble trois autres pays qui représenteraient avec elle plus de 35% de la population de l’Union européenne, explique le site du Conseil de l’UE. Dans ce cas, l’accord serait rejeté et le projet suspendu.

Ce système évite que des États peu peuplés aient une influence disproportionnée en se réunissant en groupe de quatre, tout en empêchant les pays les plus peuplés, comme la France et l’Allemagne, de pouvoir bloquer eux-mêmes une décision en raison de leur population.

Ainsi, depuis plusieurs jours, la France tente de rallier d’autres pays à sa cause. Interrogé samedi sur franceinfo, l’eurodéputé (Renew) Valérie Hayer a assuré que « La France œuvre activement pour une minorité de blocage ». Parmi ceux-ci « autres pays » présentation « de sérieux doutes » concernant cet accord, le député européen a cité « L’Irlande, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie, l’Autriche, la Pologne et même la Roumanie ».

Mardi, le Premier ministre polonais Donald Tusk a confirmé cette position en déclarant à la presse que « La Pologne n’acceptera pas l’accord de libre-échange avec le bloc Mercosur sous cette forme ». Le ministre italien de l’Agriculture, Francesco Lollobrigida, avait pour sa part, le 18 novembre, estimé que le traité « sous sa forme actuelle, ce n’est pas acceptable »avant d’être renié par son collègue des Affaires étrangères, Antonio Tajani. En Autriche, c’est le ministre du Travail et de l’Economie, Martin Kocher, qui a exprimé depuis Vienne d’éventuelles réticences, déclarant attendre « qu’un texte soit présenté » avant de pouvoir « en discuter ». Bref, des doutes et des signaux, mais rien qui permet de savoir comment les 27 voteront le jour J.

Selon les données de référence d’Eurostat, les 27 pays membres comptent 451 028 881 habitants. Pour empêcher l’adoption de l’accord UE-Mercosur, la France et ses alliés devraient représenter au moins 157 860 108 Européens.

A elles deux, la France et la Pologne totalisent 105 967 712 habitants. Reste à trouver deux autres alliés, représentant au moins 51 892 396 habitants. L’Italie permettrait à elle seule d’atteindre ce niveau de 35% de la population européenne, mais il resterait alors un autre pays, quel qu’il soit, à convaincre.

En revanche, si l’Italie donnait son feu vert au traité, la minorité de blocage serait compromise : même avec les votes de l’Autriche, des Pays-Bas, de la Belgique et de l’Irlande, les Etats anti-Mercosur ne réuniraient pas les fameux 35 % (avec 150 373 129 habitants à eux deux). Le soutien d’autres pays, comme la Roumanie, serait alors essentiel pour franchir cette étape.

Cammile Bussière

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