La France passe de la 2e à la 6e place mondiale
La France, autrefois deuxième puissance mondiale dans le secteur agroalimentaire, est tombée à la sixième place. A l’occasion du Salon international de l’alimentation, les acteurs du secteur tirent la sonnette d’alarme sur cette baisse d’attractivité, soulignant la nécessité de réformes pour retrouver de la compétitivité sur les marchés mondiaux.
L’impact des vins et spiritueux sur la balance commerciale
En apparence, la France reste une grande puissance dans le secteur agroalimentaire, avec des exportations générant 81,4 milliards d’euros en 2023. Mais une analyse plus approfondie révèle que ce succès repose essentiellement sur les vins et spiritueux. Selon Business France, ce segment a permis de maintenir un excédent de la balance commerciale de 5,3 milliards d’euros. En effet, sans ces exportations, la balance serait largement déficitaire, affichant une perte de 8,6 milliards d’euros.
Le marché des vins et spiritueux a même atteint un nouveau record en 2022, avec des exportations s’élevant à plus de 21 milliards d’euros. Mais cette performance cache une réalité inquiétante : la France a vu sa part de marché globale dans les exportations mondiales de produits agricoles passer de 8 % en 2000 à seulement 4,4 % en 2023. Le secteur connaît aujourd’hui une véritable érosion de sa compétitivité, comme le souligne Jean-François Loiseau, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), lors du Sial.
La souveraineté alimentaire menacée
La baisse des exportations agroalimentaires françaises inquiète le secteur, d’autant que seulement deux entreprises sur dix exportent, contre huit en Allemagne par exemple. Jean-François Loiseau attribue cette dégradation à plusieurs facteurs, au premier rang desquels le prix des produits français. « Nos produits sont plus chers que ceux de nos voisins », déclare-t-il à BFMTV. Selon lui, cette différence de coût pénalise la France sur le marché européen.
Un autre obstacle majeur pointé par le président de l’Ania est l’excès de réglementation, qualifié de « camisole de force administrative « . Ces charges ralentiraient l’agilité des entreprises françaises, les empêchant de conquérir de nouveaux marchés à l’international. Jean-François Loiseau appelle l’État à réduire les charges administratives et à simplifier le cadre réglementaire. Il appelle également à une réorganisation des structures de promotion des exportations, déplorant le manque d’unité par rapport à des concurrents comme l’Italie, dont les exportations ont atteint 62 milliards d’euros en 2023.
Pour les syndicats agricoles, cette perte de dynamique ne se limite pas aux questions économiques. Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération Paysanne, évoque un « guerre commerciale » qui met en danger la souveraineté alimentaire de la France. Elle déplore une baisse des volumes de production, aggravée par des conditions climatiques et sanitaires défavorables. » On ne peut plus augmenter les rendements en France, on est à bout », prévient-elle.
Laurence Marandola insiste sur le danger de voir une augmentation des importations, notamment de fruits et légumes en provenance d’Espagne et des Pays-Bas. Afin de freiner cette tendance et rétablir l’équilibre commercial, la Confédération Paysanne propose la mise en place d’un prix minimum d’entrée aux frontières.