La réindustrialisation renforce l’attractivité de la France
Selon une étude publiée le 2 mai, La France maintient sa position de premier choix pour les investisseurs étrangers en Europe, une attractivité qu’elle conserve depuis cinq années consécutives. Selon une étude du cabinet EY, la France a attiré près de 1 200 projets d’investissement en 2023, dépassant le Royaume-Uni (985 projets) et l’Allemagne (733). Des régions comme Auvergne-Rhône Alpes et l’Île-de-France se démarquent particulièrement, illustrant un panorama diversifié et dynamique de zones économiques en expansion. Le Grand-Est, les Hauts-de-France et l’Occitanie semblent également intéressants.
Il s’agit en effet de régions historiquement très industrialisées, où sont déjà implantées un certain nombre d’infrastructures. De quoi accélérer le développement de projets ambitieux sans repartir systématiquement de zéro. Plus de vingt mille emplois ont été créés, ainsi que plus d’un millier de projets, dont 530 nouvelles usines. La réindustrialisation, un gage de confiance pour les investisseurs.
Un attrait mitigé
La France aurait cependant tort de se féliciter trop vite de ces bons résultats. Londres continue de se réserver les investissements les plus stratégiques, comme les sièges sociaux, la finance ou la technologie. C’est bien Londres qui reste la ville la plus attractive, et non Paris. Une belle performance après le Brexit, qui n’aura pas fait au Royaume-Uni le mal escompté.
Par ailleurs, en termes d’emplois, la comparaison n’est plus aussi favorable à la France. Alors que le ratio d’emplois créés par projet est de 61 au Royaume-Uni et de 49 en Allemagne, il n’est que de 35 en France. Les projets seraient-ils moins ambitieux ? C’est possible. Il est également possible que le coût du travail en France, dû notamment aux cotisations salariales et patronales, mais aussi au financement de la formation, du logement social, etc., dissuade les investisseurs qui créent des projets mais tardent à embaucher.
Bruno Le Maire aux anges, mais pas assez terre-à-terre ?
Le gouvernement français ne cache pas sa satisfaction face à ces résultats positifs. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a récemment souligné la solidité et l’attractivité de l’économie française en ces termes : » Oui, l’économie française est solide. Oui, elle est attirante. Et non, ce n’est pas une coïncidence ! » Cette attractivité est selon lui le résultat de politiques économiques stratégiques et de réformes ciblées. Cette position est renforcée par la réindustrialisation en cours, considérée comme un moteur clé de la croissance future.
Cet enthousiasme fait écho à ses déclarations avec la croissance du PIB au premier trimestre, annoncée par l’Insee à 0,2%. » A tous ceux qui veulent croire que notre économie est à l’arrêt : les faits sont têtus. La croissance française progresse. C’est un nouveau signe qui reflète la solidité de notre économie. » Certains pères tristes pourraient souligner qu’à 0,2% de croissance, il n’y a pas forcément de quoi se vanter, mais Bruno Le Maire juge le résultat remarquable.
Des oppositions sceptiques
L’opposition émet cependant des réserves, estimant que les chiffres ne disent pas tout. Les critiques portent sur la qualité des emplois créés et sur l’impact réel des investissements étrangers sur l’économie locale. L’opposition réclame une approche plus nuancée qui prendrait en compte les défis à long terme tels que l’automatisation et la rapidité de délivrance des permis de construire. L’OCDE elle-même est moins enthousiaste que Bruno Le Maire. Alors qu’il veut croire à une croissance de 1% en 2024, elle prévoit plutôt 0,7%.
Les secteurs d’avenir sont également dangereusement absents de la récolte française : même Klaxoon, une entreprise technologique française, a choisi le Royaume-Uni. Quant aux investissements américains, ils évitent l’Europe avec une baisse de 15% par rapport à 2022, ce qui peut être une conséquence de la loi sur la réduction de l’inflation, IRA. Bref, la France a encore beaucoup de travail à faire et ne doit pas se contenter d’une augmentation de son PIB.