L’agence S&P livrera ce vendredi 29 novembre sa notation de la dette française. Cela intervient dans un contexte de hausse des taux d’emprunt en France. Pour autant, peut-on comparer la crise en France à celle de la Grèce en 2010 ? Catherine Mathieu, économiste à l’OFCE, en doute.
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Comment la crise grecque a-t-elle commencé ?
Fin 2009, un nouveau Premier ministre, le socialiste Georges Papandreou, arrive au pouvoir. Il a révélé que les chiffres du déficit et de la dette publique, communiqués à l’Union européenne par le gouvernement précédent, étaient sous-estimés. Cela a érodé la confiance des marchés dans la dette grecque. Les prêteurs ont exigé des taux d’intérêt plus élevés sur dix ans. Ceux-ci ont augmenté progressivement, jusqu’à atteindre un pic de 30 % en juin 2012. En comparaison, aujourd’hui, la France emprunte sur dix ans à 3 %.
Quelles réponses ont été apportées ?
Un plan de sauvetage a été mis en œuvre sous l’égide de la « Troïka » (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Commission européenne). Ces derniers réclamaient des réformes structurelles, en échange de prêts (289 milliards d’euros, NDLR). La Grèce a dû privatiser une partie de son économie, comme le port du Pirée. Une politique d’austérité très sévère a été mise en place. Les coûts de santé et de retraite, ainsi que les salaires, ont été réduits. La vie quotidienne des ménages est devenue très difficile. La pauvreté a fortement augmenté.
Peut-on comparer la France d’aujourd’hui à la Grèce de 2010 ?
Non, la France n’est pas la Grèce. Premièrement, les poids démographique et économique de la France et de la Grèce ne sont pas comparables. La Grèce compte 10,5 millions d’habitants et un PIB par habitant (produit intérieur brut) environ la moitié de celui de la France. Quant à la dette publique grecque, elle s’élève désormais à 152% du PIB contre 112% pour la France. Et la capacité de la France à augmenter les impôts est bien supérieure à celle de la Grèce, qui a connu une évasion fiscale importante.