La France maintient sa note AA-, mais est placée sous « perspective négative » par l’agence Fitch
L’agence de notation Fitch a maintenu vendredi la note de la France, mais l’a placée en dessous « perspectives négatives ». Le ministre de l’Économie et des Finances Antoine Armand a immédiatement réagi vendredi soir, affirmant « prendre note » de la décision de Fitch. Cependant, il a ajouté que « l’agence met en valeur la force de notre économie vaste et diversifiée, l’efficacité de nos institutions et notre histoire de stabilité macrofinancière ».
Fitch évalue toujours « AA-« à la France, l’équivalent d’un 17/20 (soit un 17 sur une échelle de 20 niveaux), mais ajoute un « perspectives négatives »ce qui signifie qu’elle envisage de dégrader cette note à l’avenir.
« Les risques en matière de politique budgétaire ont augmenté depuis notre dernier examen »explique Fitch, dont la précédente note sur la France remontait au mois d’avril. « Le dérapage budgétaire attendu cette année place la France dans une situation plus défavorable, et nous nous attendons désormais à des déficits budgétaires plus importants, ce qui entraînera une forte augmentation de la dette publique pour atteindre 118,5 % du PIB d’ici 2028. »écrit Fitch dans son communiqué de presse.
L’objectif du gouvernement n’est pas crédible
Et alors que le gouvernement entend réduire le déficit public français à 5% du PIB à partir de 2025 puis en dessous de 3% en 2029, l’agence Fitch n’y croit pas : elle a relevé ses prévisions de déficit public pour la France en 2025 et 2026. « à 5,4% du PIB ».
« Nous ne nous attendons pas à ce que le gouvernement atteigne ses prévisions révisées de déficit à moyen terme et ramène le déficit en dessous de 3 % du PIB d’ici 2029. »explique-t-elle.
La France a révisé brutalement sa prévision de déficit pour 2024, passant de 4,4% fin 2023 à 5,1% en avril puis 6,1% du PIB dans le projet de budget. Elle « est une exception » dans la zone euro, analyse le cabinet d’études Oxford Economics. Et le pays « Il est peu probable qu’il réduise significativement son déficit dans les années à venir »là où la plupart de ses voisins sont plus rigoureux, souligne-t-il. Par exemple, l’Espagne prévoit d’afficher un déficit public de 2,5% du PIB l’année prochaine et l’Italie de 3,3%.
Pour prouver sa volonté et éviter un risque de « crise financière » selon les mots du Premier ministre Michel Barnier, le gouvernement a présenté jeudi un projet de budget pour 2025 qui prévoit « 60 milliards d’euros » des efforts sous forme de réductions de dépenses et d’augmentations d’impôts afin de ramener le déficit public à 5%.
Après Fitch, l’agence de notation Moody’s, qui classe la France un cran au-dessus de ses pairs, donnera son diagnostic sur l’économie française le 25 octobre, avant S&P Global le 29 novembre.