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La France face au risque d’une dégradation par Moody’s : Actualités

La France face au risque d’une dégradation par Moody’s : Actualités

Rétrogradation ou statu quo ? L’agence de notation Moody’s doit dévoiler vendredi son évaluation de la note de la dette souveraine de la France, un événement à haut risque pour le pays, fragilisé par la dérive de ses comptes publics.

Une réduction est à craindre, en plein débat à l’Assemblée nationale sur l’effort de 60 milliards d’euros envisagé par le gouvernement dans son projet de budget pour 2025 afin de réduire le déficit public à 5% du PIB et tenter de reprendre le contrôle de l’économie. une dette colossale.

Moody’s note actuellement la France « Aa2 » (l’équivalent de 18 sur une échelle de 20 niveaux de notation), un cran au-dessus des deux autres grandes agences Fitch et S&P (« AA- »), et pourrait s’aligner sur celles-ci malgré une perspective « stable » .

« Il vaudrait mieux pour la France que l’agence abaisse simplement la perspective à négative tout en maintenant la note inchangée. Mais la probabilité que Moody’s abaisse la note est très élevée», prévient Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management.

« Les différences de notes attribuées par l’agence entre la France et de nombreux pays moins bien notés sont désormais très difficiles à justifier », les performances macroéconomiques françaises étant souvent inférieures, ajoute-t-il dans une note.

Un tel abaissement de note pourrait peser sur les taux auxquels la France emprunte sur les marchés, alors qu’elle est déjà sous pression en raison de ses difficultés budgétaires et de l’instabilité politique consécutive aux élections législatives anticipées de juin-juillet.

– Des actifs « insuffisants » –

La dette française continue de séduire les investisseurs, mais ses taux d’intérêt se situent désormais au niveau de ceux de pays comme le Portugal ou l’Espagne, considérés comme plus risqués.

« Nous sommes aujourd’hui, en Europe, l’un des pays les plus isolés en termes de déficit et de dette », et « nos partenaires européens nous regardent », a reconnu mardi le ministre de l’Economie et des Finances Antoine Armand, sur la chaîne TF1.

Selon le cabinet Asterès, plus que les décisions des agences de notation, dont les conséquences seraient selon elle « limitées sur les coûts d’emprunt de l’Etat français », c’est la situation en France qui est la plus importante.

Le fardeau de la dette est aujourd’hui le deuxième poste budgétaire derrière l’éducation avec plus de 50 milliards d’euros et il pourrait devenir le premier d’ici 2027. Cela réduit encore davantage les marges de manœuvre financières.

«Souvent, l’impact d’une dégradation est insignifiant car les investisseurs sur les marchés étaient déjà conscients des problèmes du pays concerné et en tenaient déjà compte pour déterminer le taux d’intérêt requis sur ses obligations», note Eric Dor.

Pour préserver la crédibilité de la France, le gouvernement veut réduire en 2025 les dépenses publiques, dont il est le champion en Europe, et augmenter les impôts sur les entreprises et les riches contribuables. Il peine cependant à convaincre une Assemblée nationale fragmentée, où il est minoritaire.

Les atouts de la France (économie diversifiée, systèmes fiscaux et bancaires solides notamment) « risquent d’être insuffisants » face à la difficulté « d’obtenir une majorité pour voter les mesures nécessaires à l’assainissement des finances publiques », souligne Éric Dor.

– « Risques accrus » –

Le gouvernement entend réduire le déficit public de 6,1% du PIB en 2024 à 5% en 2025 pour revenir aux standards européens en 2029, avec 2,8%.

Alors que la croissance atteindrait 1,1% en 2025 comme cette année, partiellement pénalisée par les mesures de relance, la dette publique continuerait de gonfler jusqu’à près de 115% du PIB, soit presque le double du maximum fixé à 60% par Bruxelles.

Le Fonds monétaire international (FMI) a mis en garde mercredi contre un risque de dérapage important sans efforts supplémentaires : le déficit atteindrait alors 5,9% l’an prochain et se maintiendrait à ce niveau en 2029, avec une dette culminant à 124,1% du PIB à cet horizon. .

La décision de Moody’s interviendra deux semaines après celle de Fitch, qui a placé la France sous « perspective négative » sans réviser sa note à la baisse, malgré des « risques accrus (…) » et des doutes sur les prévisions officielles de déficit.

L’agence S&P doit rendre sa décision le 29 novembre. En mai, elle a abaissé la note française de « AA » à « AA- ».

publié le 25 octobre à 8h14, AFP

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