La France a échappé vendredi à une dégradation de sa note souveraine par Moody’s, mais bénéficie désormais d’un sursis : l’agence a déploré la situation des comptes publics, et a signalé qu’elle envisageait une dégradation dans les prochains mois.
Moody’s a maintenu la note de la France à Aa2, mais a abaissé la perspective de stable à négative.
Cette décision « reflète le risque croissant que le gouvernement français ne mette pas en œuvre des mesures permettant d’éviter des déficits budgétaires plus importants que prévu », a déclaré Moody’s dans son communiqué.
La décision de Moody’s intervient en plein débat à l’Assemblée nationale sur l’effort de 60 milliards d’euros envisagé par le gouvernement dans son projet de budget pour 2025 afin de réduire le déficit public à 5% du PIB et tenter de reprendre le contrôle d’un déficit colossal. dette.
Le ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, Antoine Armand, a indiqué qu’il « prend acte » de cette décision, et affirmé que « la France a une vraie force économique » et est « capable de mener des réformes majeures », dans une réaction transmise à l’AFP.
« Certaines (réformes) ont déjà produit des résultats probants en termes d’emploi ou d’attractivité économique pour notre pays. C’est avec cette même énergie que le gouvernement agira pour redresser nos finances publiques », a assuré le ministre.
– Risques accrus –
Moody’s a toutefois déploré une détérioration budgétaire qui « dépasse (ses) attentes et contraste avec celle des gouvernements de pays aux notations similaires ».
L’agence de notation a également relevé des risques « accrus par un environnement politique et institutionnel peu propice à une coalition autour de mesures politiques susceptibles d’améliorer durablement le solde budgétaire ».
La note « Aa2 » équivaut à 18 sur une échelle de 20 niveaux de notation. Elle se situe un cran au-dessus des deux autres grandes agences, Fitch et S&P (« AA- »).
Maintenir cette note à ce stade signifie que « la solidité de notre économie reste reconnue », a commenté le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, vendredi soir dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, lors des débats sur le projet de budget 2025.
« Des prélèvements obligatoires sur les grandes entreprises et des cotisations exceptionnelles pour les plus riches sont nécessaires », mais « la note de la France est mise dans une perspective négative car il faut d’abord un agenda de réformes structurelles », a-t-il déclaré. -a-t-il estimé, à commencer par la réforme des retraites.
La décision de Moody’s intervient deux semaines après celle de Fitch, qui avait placé la France sous « perspective négative » sans réviser sa note à la baisse.
L’agence S&P doit rendre sa décision le 29 novembre. En mai, elle a abaissé la note française de « AA » à « AA- ».
– Deuxième poste budgétaire –
Pour l’instant, la dette française séduit toujours les investisseurs, mais ses taux d’intérêt se situent désormais au niveau de ceux de pays comme le Portugal ou l’Espagne, jugés plus risqués.
« Notre dette est soutenable, elle s’achète, elle se finance, elle est considérée avec une certaine qualité. Si nous voulons que cela continue ainsi à l’avenir, nous devons redresser nos comptes et réduire nos dépenses publiques», a déclaré Antoine Armand, dans un entretien à l’AFP avant l’annonce de la décision de Moody’s.
Le fardeau de la dette est aujourd’hui le deuxième poste budgétaire derrière l’éducation, avec plus de 50 milliards d’euros, et il pourrait devenir le premier d’ici 2027. Cela réduit encore davantage les marges de manœuvre financières.
Pour préserver la crédibilité de la France, le gouvernement veut réduire en 2025 les dépenses publiques, dont il est le champion en Europe, et augmenter les impôts sur les entreprises et les riches contribuables. Il peine cependant à convaincre une Assemblée nationale fragmentée, où il est minoritaire.
Le gouvernement entend réduire le déficit public de 6,1% du PIB en 2024 à 5% en 2025, et revenir aux standards européens en 2029, avec 2,8%.
Alors que la croissance atteindrait 1,1% en 2025 comme cette année, partiellement pénalisée par les mesures de relance, la dette publique continuerait de gonfler jusqu’à près de 115% du PIB, soit presque le double du maximum fixé à 60% par Bruxelles.
Le Fonds monétaire international (FMI) a appelé la France à plus de « clarté » sur ses économies.
publié le 26 octobre à 00h06, AFP