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La France continue d’exporter des substances interdites… qui finissent ensuite dans les fruits et légumes importés

Récolte d'oranges à Tunis, janvier 2023.

Afin de mettre un terme à une pratique qualifiée de« odieux » Depuis 2022, la France interdit l’exportation de pesticides dont l’usage est interdit dans l’Union européenne (UE) en raison de leur dangerosité pour la santé ou l’environnement, selon les Nations unies. Deux ans après l’entrée en vigueur de cette loi pionnière dans le monde, des milliers de tonnes de pesticides interdits continuent d’être produites en France et expédiées vers des pays à la réglementation moins protectrice, comme le Brésil (première destination), l’Ukraine, la Russie ou l’Inde. Effet boomerang, ces substances chimiques hautement toxiques reviennent dans les rayons des supermarchés français via l’importation de fruits, légumes ou épices traités avec ces pesticides.

Autre conséquence de la poursuite de ces exportations : la pollution des ressources en eau autour des sites de production en France. Telles sont les principales conclusions de plusieurs enquêtes menées par des associations (Public Eye, Unearthed et Pesticide Action Network Europe) et par l’équipe de l’émission « Vert de rage », qui devaient être rendues publiques mardi 24 septembre, avant la diffusion du dernier épisode de la série documentaire sur France 5.

Selon les données compilées par l’ONG suisse Public Eye et Unearthed, la cellule d’enquête de la branche britannique de Greenpeace, en 2023, les autorités françaises ont donné leur feu vert à l’exportation de près de 7.300 tonnes de pesticides interdits, soit à peu près le même volume qu’en 2022 (7.475 tonnes).

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Comme en 2022, les géants de l’agrochimie ont profité des failles de la législation pour continuer à exporter légalement des substances interdites. La principale faille dans le racket est que la loi s’applique aux produits « récipient » Des substances non autorisées mais pas aux substances actives elles-mêmes. L’américain Corteva et l’allemand BASF se sont engouffrés dans cette brèche pour exporter sous forme pure respectivement plus de 3.000 tonnes de picoxystrobine (un volume suffisant pour traiter une surface de 50 millions d’hectares, soit presque la taille de la France métropolitaine), un fongicide interdit depuis 2017 en raison de son potentiel génotoxique, et plus de 1.400 tonnes de fipronil, un insecticide tueur d’abeilles interdit en France depuis 2004.

Violation législative

Un précédent rapport de Public Eye avait révélé l’existence de cette faille en novembre 2022. Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, s’était engagé, en décembre 2022, devant les députés, à « combler cette lacune. » Près de deux ans plus tard, elle est toujours bouche bée. Contactée par Le mondele ministère indique que « L’application de l’interdiction d’exportation aux substances actives « pures » nécessite une modification de la loi, qui n’a pu être intégrée dans un véhicule législatif récent ».

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Eleon Lass

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