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Divertissement

Black Flies : critique à tombeau ouvert

Ne tirons pas sur l’ambulance

Il faut avouer que quelque chose nous a échappé avec Mouches noires lors de sa projection cannoise en 2023. Si le long métrage est loin d’être parfait, son caractère acharné et éreintant semblait cohérent avec les films précédents de Jean-Stéphane Sauvaire, en plus de se révéler très efficace dans son rapport à l’angoisse du métier d’urgentiste. . Encore, la séance fut sans doute l’une des plus meurtrières du Festivalfédérant une large majorité de la presse contre cette vision prétendument complaisante d’une violence insupportable.

Certains en ont profité pour souligner la présence au casting de Sean Penn, un grand ami de Thierry Frémaux qui est régulièrement boosté dans la compétition, quitte à se sacrifier sur la place publique (et c’est vrai qu’on n’a toujours pas nanar cosmique récupéré Le dernier visage ni même le son Jour du drapeau). Bref, la légitimité de Mouches noires sur la Croisette a été rapidement remise en question, même si Penn n’est ici qu’un acteur d’une œuvre portée par la vision d’un autre.

Alors, que reproche-t-on à Sauvaire ? Peut-être son système, qui a le mérite d’être clair dès ses premières minutes. Caméra bancale, montage erratique et effets de lumière réguliers, tout tente de renforcer la sensation de chaos ambiant, et la difficulté d’Ollie (Tye Sheridan, très investi) à ignorer cet environnement épuisant pour se concentrer sur ses patients.

Mouches noires : photo, Sean Penn, Tye SheridanLumières de la ville

Enveloppé par les lumières de New York et la cacophonie de la jungle urbaine, le jeune ambulancier tente de trouver un guide en la personne de Rutkovsky (Sean Penn), un vieil homme désillusionné, bien que traumatisé par les événements du 11 septembre 2001. Les personnages ne sont pas réalistes. non plus seulement les « anges » de la ville, mais la métonymie d’un système au bord de l’implosion, dont ils sont à la fois acteurs et spectateurs.

Ollie et Rutkovsky sont obligés d’observer un monde nu, fragiles et monstrueux, tant ils pénètrent dans l’intimité des autres. Sauvaire, qui vit à Brooklyn depuis une quinzaine d’années, s’est en partie inspiré de ses propres expériences de travail aux côtés des secouristes pour éclairer son scénario, vaguement basé sur le roman quasi autobiographique de Shannon Burke. 911.

Mouches noires : photo, Tye SheridanMouches noires : photo, Tye SheridanTye Sheridan confirme qu’il est un acteur passionnant

Chaque jour suffit pour son penn

Bien sûr, cette approche ne rend pas le film inregardable, mais elle soulève des questions sur le prétendu sadisme du cinéaste. Ce que constate Jean-Stéphane Sauvaire, c’est une violence qui dépasse l’individu. Au cœur de cette mégalopole cosmopolite, les secouristes traversent une ville segmentée qui divise plus qu’elle ne rassemble. Tout le monde est sur la même longueur d’onde : abandonné par un système qui se dévoreà commencer par celle d’une santé qui effraie les patients (manque de sécurité sociale) et ne cherche jamais à soutenir ceux qui sont témoins chaque jour du pire.

De là, Mouches noires prend comme fil conducteur une série de sketches, rythmés par des moments de doute et d’humanité entre les protagonistes. Blessures par balle, cadavre laissé des jours dans une baignoire, accouchement sanglant d’un toxicomane… tout se passe, pour que chaque appel d’urgence finisse par générer une terrible appréhension. Avec beaucoup de dialogues improvisés et d’acteurs non professionnels, Sauvaire définit avec chacune de ces séquences un nouveau champ des possiblesce qui semble lui échapper autant que ses personnages.

Mouches noires : photo, Sean Penn, Tye SheridanMouches noires : photo, Sean Penn, Tye SheridanL’anatomie de Penn

On pourrait réduire le résultat final à une descente aux enfers, mais le film se traduit par sa mise en scène inconfortable une crise de panique permanente. Ses projets sont comme autant de torses encombrés, obligés de contenir un désespoir et une colère qui ne demande qu’à déborder.

Dans cette Babylone de verre et de métal, le réalisateur s’intéresse aux reflets et aux lumières errantes, comme si tout cherchait à échapper aux lignes réductrices de la ville. Mouches noires déborde, suinte et vomitne serait-ce qu’à travers le motif (trop martelé à ce stade) des sirènes d’ambulance dont l’éclat se propage à travers les images.

Mouches noires : photo, Sean Penn, Tye SheridanMouches noires : photo, Sean Penn, Tye SheridanLe calme avant la tempête

Ce débordement est justement au cœur du long-métrage. Cette horreur quotidienne, indicible et absorbée par ces psychés tourmentés, souffre de son invisibilité. Elle demande qu’on la regarde droit dans les yeux, plutôt que de la rendre irréaliste. Le cinéma de Jean-Stéphane Sauvaire est à son meilleur dans ces moments de noirceur totale, loin de la gratuité dont on l’accuse. Il aurait juste fallu Mouches noires ne compromettez pas ce dispositif intransigeant avec la symbolique la plus maladroite.

Au-delà de son final d’élégie déplacée, sa peinture de New York comme une Sodome et Gomorrhe moderne s’accompagne d’une imagerie chrétienne quelque peu risible, au point de faire de ses héros torturés des martyrs en quête d’expiation. Dommage, car pour le reste, l’expérience est aussi viscérale que dérangeante.

Mouches noires : affiche françaiseMouches noires : affiche française

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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