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« La foi ne reste pas un fait privé », affirme François qui défend une « saine laïcité »

A peine arrivé à Ajaccio, le pape a encouragé les Corses à vivre une « citoyenneté constructive » fondée sur une laïcité « non statique ni figée » où les chrétiens jouent pleinement leur rôle dans la société.

Arrivé en Corse ce dimanche 15 décembre au matin pour une visite historique d’une journée sur l’Île de Beauté où il a été très chaleureusement accueilli dans les rues d’Ajaccio par une foule nombreuse, le pape François a profité de sa participation à un congrès sur religiosité populaire, pour relancer l’idée d’un « une laïcité saine »reprenant les paroles de Benoît XVI qui avait déjà développé cette idée. « La foi ne reste pas un fait privé qui s’épuise dans le sanctuaire de la conscience »explique François, « cela implique un engagement et un témoignage envers tous pour la croissance humaine, le progrès social et la protection de toute la création, sous le signe de la charité ».

Il s’agit en fait de promouvoir un « citoyenneté constructive »conduit par « l’audace de faire le bien » Ou « Les croyants peuvent se retrouver sur un chemin commun avec les institutions laïques, civiles et politiques, pour travailler ensemble à la croissance humaine intégrale et à la sauvegarde de cette « île de beauté » ». Cette alliance est un « besoin » parce qu’il faut « développer une conception de la laïcité qui n’est pas statique et figée, mais évolutive et dynamique, capable de s’adapter à des situations différentes ou imprévues, et de promouvoir une coopération constante entre les autorités civiles et ecclésiastiques pour le bien de l’ensemble de la communauté, chacune restant à l’intérieur les limites de ses compétences et de son espace.

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Entrelacement, sans confusion

Citant Benoît XVI, son successeur a ajouté : « Une laïcité saine signifie libérer la croyance du poids de la politique et enrichir la politique des apports de la croyance, tout en maintenant la distance nécessaire, la distinction claire et la collaboration essentielle entre les deux ». Avec cet effet attendu, toujours selon le pape allemand : « Une laïcité aussi saine garantit que la politique fonctionne sans exploiter la religion, et que la religion puisse vivre librement sans être alourdie par une politique dictée par les intérêts et parfois incohérente, voire contraire aux croyances. C’est pourquoi une laïcité saine, l’unité et la distinction, sont nécessaires, voire indispensables aux deux.» Ainsi, François espère que « plus d’énergie et plus de synergies peuvent être libérées » entre l’Église et les pouvoirs publics « sans préjugés et sans opposition de principe, dans le cadre d’un dialogue ouvert, franc et fructueux ».

En ce sens, « la piété populaire, très profondément enracinée ici en Corse » peut réaliser « cet entrelacement, sans confusion, qui se forme par le dialogue constant entre le monde religieux et le monde laïc, entre l’Église et les institutions civiles et politiques ». Là « piété populaire » désigne une manière simple de prier, notamment à travers des processions, ouvertes à tous. Le cardinal Bustillo, évêque d’Ajaccio, a défini la religiosité populaire en accueillant le pape : « Dans les événements publics concernant notre foi, nous voyons un principe important de liberté et d’égalité. Dans la rue, tout le monde se retrouve au même niveau : très pratiquant, peu pratiquant, curieux ».

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De ce point de vue, le Pape a même présenté la Corse comme un exemple pour l’Europe : « Sur ce sujet, vous êtes sur la route depuis longtemps et vous êtes un exemple vertueux en Europe. Continuez sur cette voie ! Et je voudrais encourager les jeunes à s’impliquer encore plus activement dans la vie socioculturelle et politique, sous l’impulsion des idéaux les plus sains et de la passion pour le bien commun.. En effet, François a expliqué : « La foi chrétienne a illuminé la vie des hommes et de leurs institutions politiques, alors qu’aujourd’hui, surtout dans les pays européens, la question de Dieu semble s’estomper ; et nous nous trouvons toujours plus indifférents à sa présence et à sa Parole. Il faut cependant être prudent dans l’analyse de ce scénario et ne pas se livrer à des considérations hâtives ou à des jugements idéologiques qui opposent parfois, encore aujourd’hui, culture chrétienne et culture laïque..

Enfin, le chef de l’Église a conclu sur ce qu’il attend des responsables de la société : « J’exhorte les pasteurs et les fidèles, les hommes politiques et ceux qui exercent des responsabilités publiques à rester toujours proches des gens, à l’écoute des besoins, à comprendre les souffrances, à interpréter les espoirs, car toute autorité ne grandit que dans la proximité ». Un message pour la Corse et pour… la France. En milieu de journée, le pape est attendu dans la cathédrale pour une rencontre avec le clergé, puis il célébrera une messe en plein air en milieu d’après-midi. Le Président de la République viendra saluer le chef de l’Église catholique avant son retour à Rome prévu à 18 heures.

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