La fin du transit du gaz russe via l’Ukraine fait pression sur l’Europe de l’Est
À partir de janvier 2025, l’Ukraine mettra un terme au transit du gaz russe sur son territoire. Cette décision affectera particulièrement la Slovaquie, la Moldavie et, dans une moindre mesure, la Hongrie, des pays toujours fortement dépendants des importations de gaz russe. Entre tensions géopolitiques et enjeux économiques, ces nations doivent désormais repenser leur approvisionnement énergétique.
Contrat à échéance pour le gaz russe
La Russie expédie actuellement son gaz vers l’Europe via deux principaux itinéraires, depuis la destruction des gazoducs Nord Stream en 2022. Le premier, TurkStream, passe sous la mer Noire et dessert notamment la Hongrie. Le second traverse l’Ukraine en vertu d’un contrat signé en 2019, mais cette route cessera de fonctionner au 1ᵉʳ janvier 2025. Ce gazoduc a permis le transit de 14,65 milliards de m³ en 2023, représentant près de la moitié des exportations russes vers l’Europe.
La Slovaquie, fortement dépendante de ce transit, risque de payer un lourd tribut. Alors que le Premier ministre Robert Fico a récemment plaidé pour le maintien du contrat avec Gazprom, cette position suscite des critiques, notamment de la part de Volodymyr Zelensky, qui accuse Bratislava de financer indirectement l’effort de guerre russe. Alexander Duleba, chercheur slovaque, souligne que le gaz russe est moins coûteux car Gazprom prend en charge les frais de transit à travers l’Ukraine. En cas de changement de fournisseur, ces coûts seraient répercutés sur Bratislava.
Moldavie en crise, Hongrie sous pression
En Moldavie, l’arrêt du transit ukrainien a des répercussions directes sur l’approvisionnement en gaz de la centrale thermique de Cuciurgan, située en Transnistrie, une région séparatiste. Cette centrale fournit 70 % de l’électricité du pays. Face à cette menace, la présidente Maia Sandu dénonce un « chantage à l’obscurité » de Moscou. La Moldavie, déjà en état d’urgence énergétique, devra importer une électricité plus coûteuse depuis la Roumanie, accentuant la pression sur ses finances.
La Hongrie, bien que moins exposée grâce à TurkStream, continue d’utiliser l’itinéraire ukrainien pour de faibles volumes. Viktor Orbán, Premier ministre hongrois, tente de négocier une solution permettant d’acheter le gaz russe avant son transit en Ukraine. Cependant, cette stratégie expose Budapest à une pression croissante de l’Union européenne, qui cherche à réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou.
Avec l’arrêt du transit ukrainien, l’Europe de l’Est fait face à une recomposition de ses flux énergétiques. Les choix des pays concernés reflètent une tension entre contraintes économiques et pressions géopolitiques, dans un contexte où la diversification des sources d’énergie devient une nécessité stratégique.
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