La fin de l’ADSL inquiète les maires français, qui n’ont pas les moyens de s’y préparer
Les communes et collectivités locales se préparent à la transition des réseaux de cuivre vers la fibre optique. Mais la communication avec les citoyens est difficile, et les élus dénoncent un manque d’implication du gouvernement et des opérateurs.
L’ADSL va progressivement disparaître en France d’ici 2030. Le démantèlement a déjà commencé depuis le début de l’année 2024 et se poursuivra dans les années à venir. Une liste de 2 145 communes a déjà été établie, dont de grandes villes comme Rennes, Brest ou encore le 3e arrondissement de Lyon. Dans les zones concernées, il ne sera plus possible de souscrire un abonnement ADSL à partir du 31 janvier 2026.
Avec la disparition du réseau cuivre, l’inquiétude grandit. Le déploiement de la fibre optique a ralenti en 2023 et les objectifs n’ont pas été atteints l’an dernier. Le taux de couverture FTTH a atteint 86 % au 31 décembre 2023, selon InfraNum. Un objectif entre 96 et 98 % de couverture d’ici fin 2025 est évoqué, mais les communes craignent que le basculement soit compliqué et entraîne de nombreux problèmes. Certaines appartenant au lot 1 viennent tout juste de dépasser les 80 % de couverture.
Le téléphone dépend aussi du réseau cuivre
Le magazine Maires de France explique que les élus doivent s’impliquer dans cette transition pour assurer « qu’aucun administrateur ne se retrouve sans solution à la date butoir »Mais pour l’instant, les communes dénoncent un manque de soutien de l’Etat et des opérateurs.
Les municipalités n’ont pas accès à des fichiers ou à des bases de données répertoriant quels résidents ont déjà la fibre et lesquels n’en ont pas, ce qui complique leurs démarches. « Vendée Numérique et les services du département ont demandé l’accès aux fichiers de l’opérateur Orange afin de cibler les déploiements »« Nous avons besoin de ces informations pour mieux cibler notre communication auprès des habitants », explique Fabrice Praud, collaborateur de la commune d’Aizenay. Cette ville atteint un taux de déploiement de 98,91%, mais elle a besoin de ces informations pour mieux cibler sa communication auprès des habitants.
Dans le village de Darazac, c’est la prise de conscience des personnes âgées qui est la plus inquiétante. Nombre d’entre elles refusent que la fibre soit installée chez elles car elles n’utilisent pas internet. La mairie doit alors les informer qu’une fois le réseau cuivre démantelé, elles perdront également leur accès au téléphone fixe si elles n’ont pas la fibre optique.
La responsabilité de la communication en question
Pour Corinne Moreau, conseillère municipale en charge du dossier fibre sur la commune de Fontaine-au-Bois, informer les citoyens peu à l’aise avec internet est un défi. En l’absence d’une communication véritablement efficace du gouvernement (lancement de la plateforme treshautdebit.gouv.fr exclus de nombreux utilisateurs qui n’utilisent pas Internet ou l’utilisent très peu) et des relais dans les grands médias nationaux, la solution trouvée est le porte-à-porte pour prévenir les citoyens, une méthode qui a forcément ses limites.
Le tarif de commercialisation augmente, ce qui signifie que de plus en plus de foyers éligibles passent à la fibre. Certains peuvent attendre la dernière minute, estimant qu’ils n’ont pas besoin de fibre tant que le réseau cuivre est encore fonctionnel. Pour les propriétaires de résidences secondaires, l’installation de la fibre n’est pas non plus une priorité. Le déploiement en lui-même peut également être pointé du doigt. Dans le cas de raccordements complexes, les solutions 4G sont parfois privilégiées afin d’éviter de gros travaux.
Pour accélérer l’adoption de la fibre face à la disparition du réseau cuivre, « Depuis plus d’un an, les associations d’élus réclament la mise en place d’une instance tripartite neutre, composée de l’État, des associations de collectivités locales et des opérateurs, pour accompagner les usagers et les élus. »rapporte le magazine des maires de France. Jusqu’à présent, un tel projet n’a pas été lancé, au grand dam de Michel Sauvade, co-président de la commission numérique de l’Association des maires de France (AMF). Selon lui, « Le maire n’a pas à assumer la responsabilité de la communication des opérateurs »Veiller à ce que l’ensemble de la population ne soit pas empêchée génère des coûts pour les collectivités locales, auxquels ni l’État ni les fournisseurs d’accès Internet ne contribuent.
Source : Maires de France