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la fin de la campagne radicale des Républicains sur l’immigration

Plusieurs matches dans le match structurent l’enjeu des élections européennes. Celle entre François-Xavier Bellamy (Les Républicains), à droite, et Marion Maréchal (« Reconquête ! »), à l’extrême droite, n’est pas la plus visible mais pas la moins intense : les deux listes sont aux alentours de 7 % des voix. intentions de vote dans les sondages. Pas loin du seuil des 5% pour obtenir des élus.

Ce contexte est une des clés pour expliquer le durcissement supplémentaire des Républicains en matière d’immigration, dans la dernière ligne droite des élections européennes. Avec le rejet du « green deal » européen et de ses déclinaisons, ce thème est aussi au cœur de la campagne LR.

Radicalisation du discours

Le 30 mai, après avoir visité un centre de rétention administrative destiné aux étrangers concernés par une obligation de quitter le territoire français (OQTF), François-Xavier Bellamy s’en est spécifiquement pris à Laurent Fabius, le président du Conseil constitutionnel. Cette dernière venait de censurer des dispositions législatives excluant les étrangers en situation irrégulière du bénéfice de l’aide judiciaire.

« Le Conseil constitutionnel et son président Laurent Fabius ont clairement décidé de mettre leurs responsabilités au service d’un agenda politique.a fustigé la tête de liste LR. Cet agenda est clairement porté par Laurent Fabius, c’est l’agenda de la gauche qui a toujours été le sien, celui du désarmement des frontières. » La droite a réagi tout aussi vivement après le rejet, en avril, par le même Conseil constitutionnel, de son initiative référendaire d’initiative commune visant à restreindre l’accès aux prestations sociales pour les étrangers.

Le même jour, LR publiait un tweet controversé sur les réseaux sociaux en réaction à la transmission par l’Algérie d’une liste officielle des marchandises à restituer par la France : « Message de service à l’Algérie, il faut tout reprendre, le bon et le mauvais : criminels, délinquants, clandestins, OQTF… #OneTwoThree ». L’icône d’un avion qui décolle accompagnait cette référence au slogan des supporters de l’équipe algérienne de football (« Un deux trois, vive l’Algérie ! » »).

Le fond et la forme

Xavier Bertrand, président LR du conseil régional des Hauts-de-France, est immédiatement sorti de sa discrétion pour dénoncer cette publication : « Je condamne fermement ce tweet qui ne reflète ni les valeurs ni l’histoire des Républicains. Aucun calcul électoral n’autorise à insulter un pays et son peuple, quelles que soient les divergences qui nous opposent. Je demande le retrait de ce tweet indigne qui porte atteinte à la belle campagne menée par François-Xavier Bellamy. »

Sur le fond, la déclaration ne constitue pas une rupture avec ce que propose LR : « Expulser systématiquement de l’espace Schengen tout étranger reconnu coupable d’un crime ou d’un délit »» demandait François Fillon en 2017 ; « expulser les clandestins et les étrangers condamnés à la prison »a succédé à Valérie Pécresse en 2022.

Sur la forme en revanche, cette radicalisation du discours rapproche la droite de l’extrême droite, et même au sein de cette dernière plus de « Reconquête ! » d’Éric Zemmour et Marion Maréchal comme du Rassemblement national de Jordan Bardella et Marine Le Pen, soucieux d’éviter tout dérapage à l’approche de l’élection présidentielle de 2027. « Les délinquants français seront mis en prison et les délinquants étrangers dans l’avion ! » », résumait ainsi le programme zemmourien. Pour les élections européennes, alors que François-Xavier Bellamy et Jordan Bardella défendent l’idée d’un « double frontière »Marion Maréchal ajoute désormais en parlant de « triple frontière ».

Si « Reconquête ! » est plus extrémiste que le RN sur l’immigration et l’islam (assimilé à l’islamisme), sur d’autres points la concurrence est réelle avec LR. Sociologiquement, si le lepénisme est hégémonique au sein de l’électorat populaire, les deux partis attirent un électorat plus aisé. Sur le plan idéologique, il existe une convergence entre le libéralisme économique et le conservatisme sociétal. Au point que François-Xavier Bellamy semble parfois plus proche au Parlement européen du groupe des conservateurs et réformistes européens, où le seul élu « Reconquête ! », que le Parti populaire européen où il siège… sans soutenir la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui en est pourtant issue.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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