Les semaines se succèdent et se ressemblent pour le football espagnol qui s’enfonce dans une profonde crise totale. Ces derniers mois, le pays a été embourbé dans de multiples scandales politiques impliquant la fédération. Deux hommes sont particulièrement pointés du doigt : Luis Rubiales et son président par intérim Pedro Rocha. Face à ces cas inédits, le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez avait récemment pris une décision radicale, celle de placer sous tutelle la Fédération royale espagnole de football (RFEF). « Le gouvernement espagnol a pris cette décision pour remédier à la grave situation de la RFEF et lui permettre d’entamer une période de renouveau dans un climat de stabilité », avait ainsi communiqué sur son site le Conseil supérieur des sports (CSD), un organisme dépendant du ministère des Sports. Si les dirigeants espagnols ont décidé de renforcer en urgence Pedro Rocha à la tête de la RFEF, les jours à venir s’annoncent cruciaux avec un bras de fer majeur engagé contre l’Union des associations européennes de football (UEFA) et la Fédération internationale de football association (FIFA). ).
Les désaccords entre les principales organisations internationales de football, la FIFA et l’UEFA, et le gouvernement ont provoqué un désastre d’une ampleur sans précédent pour le football espagnol. La situation d’instabilité due aux enquêtes autour de la RFEF a motivé le Conseil supérieur des sports à opter pour une Commission qui protégerait l’entité fédérative. Mais cette décision a été perçue par la FIFA et l’UEFA comme une menace d’ingérence politique qui pourrait les inciter à agir. Du côté du gouvernement, José Manuel Rodríguez Uribes, président du CSD, a répondu avec force : « Ce qui serait irresponsable serait de rester les bras croisés, sans rien faire, alors que les dommages causés à la réputation du football espagnol continuent de croître ». Une manifestation au parfum d’épreuve, qui n’a pas plu à l’UEFA et à la FIFA, même s’il semble que la question soit encore loin d’être résolue avant que l’affaire n’atteigne son radical le plus résolu : l’interdiction du football espagnol de toutes les compétitions internationales.
Vendredi sera un jour clé
Le football espagnol retient son souffle et a marqué la date du vendredi 3 mai 2024 au stylo rouge dans son calendrier. Vendredi est la date limite pour que le CDD clarifie les questions posées par la FIFA et l’UEFA, à savoir : sur quelle base juridique et/ou factuelle la Commission a-t-elle été nommée ? Quelle est la composition de la Commission et qui a nommé ses membres ? Quel est le mandat exact de la Commission ? Quels sont les pouvoirs de la Commission ? Quelles relations la Commission entretient-elle avec les organes décisionnels statutaires de la RFEF ? Cinq questions majeures qui devront être éclaircies avant la fin de la semaine. Il existe désormais deux possibilités : soit la réponse du CSD aux demandes est satisfaisante, ce qui impliquerait que la FIFA et l’UEFA suivent le dossier de près mais sans prendre aucune mesure en attendant les événements futurs, soit il est prouvé que la politique d’ingérence est réelle et donc la RFEF est intervenu. Les deux institutions du football mondial s’alarment, depuis Nyon et Zurich, que cette dernière hypothèse impliquerait ainsi des conséquences mortifères pour le football espagnol. Financièrement, ce gâchis conduirait les entités espagnoles à une grave crise, car elles ne pourraient pas prétendre aux prix lucratifs proposés pour leurs droits TV. Si cela devait se confirmer, la FIFA suspendrait la fédération espagnole qui serait automatiquement exclue de toutes les compétitions et également de celles de l’UEFA.
En d’autres termes, les équipes nationales seraient éliminées du prochain Euro en Allemagne et des Jeux Olympiques (masculins et féminins), tandis que leurs clubs ne pourraient pas non plus participer à la Ligue des Champions, à la Ligue Europa, à la Ligue Europa Conférence et la Coupe du Monde des Clubs. Ce serait une situation similaire à celle vécue par la Russie, dont les équipes nationales et les clubs ne participent pas aux compétitions internationales pour une toute autre raison : la guerre en Ukraine. Cependant, il y a eu des cas dans lesquels la FIFA a émis une interdiction similaire à celle imposée à l’Espagne. Les fédérations du Zimbabwe, du Kenya, du Pakistan et du Tchad ont été sanctionnées pour des cas dans lesquels des « ingérences politiques » ont été évoquées et ont conduit à des veto dans des compétitions internationales. L’Espagne serait également exclue de la course à l’organisation de la Coupe du Monde 2030, dont l’élection n’a pas encore été approuvée et qui devrait avoir lieu lors du Congrès extraordinaire de la FIFA en décembre au cours duquel la seule candidature existante sera officialisée (Espagne , le Maroc et le Portugal avec trois pays d’Amérique du Sud pour les matches d’ouverture). Depuis la Suisse, on rapporte déjà que le Maroc et le Portugal sont parfaitement capables de réaliser seuls le tournoi, sans la présence de l’Espagne. Une semaine cruciale s’annonce pour l’avenir du football espagnol…
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