La FFT à nouveau critiquée lors d’un audit (Tennis)
Le rapport a été présenté en juillet, compte 357 pages et s’intitule « Enquête de climat social, recherche de risques psychosociaux et de situations de souffrance au travail » au sein de la FFT. Révélé mercredi par Mediapart, cet audit du cabinet Technologia est une nouvelle fois accablant pour la Fédération française de tennis et son président Gilles Moretton.
Du résumé de cet audit indépendant, qui fait suite à un autre réalisé à l’automne 2022, il ressort « une chasse à l’homme » et un « management brutal » : « Une instabilité organisationnelle et managériale extrême, préjudiciable au bon déroulement des opérations ; l’instabilité organisationnelle et managériale donne lieu à des pratiques RH brutales et contestables ; de nombreuses situations d’injustice de traitement entre collaborateurs sont évoquées ; un management qui manque de feuille de route claire et partagée ; des faiblesses managériales… ; un fossé grandissant entre la gouvernance et les collaborateurs : une gouvernance qui s’immisce dans les dossiers sans avoir les compétences requises ; un président perçu comme autoritaire, brutal, qui ne priorise pas les projets ; des situations avérées de souffrance au travail ; une ambiance dégradée au niveau de la FFT, un sentiment d’insécurité professionnelle latente, de l’arbitraire, l’idée que personne n’est à l’abri d’un licenciement. »
Les entretiens menés par Technologia ont conduit à cette conclusion. « 18 cas de RPS (risques psychosociaux : présence de signes de burn-out, situations évoquant du harcèlement moral) les cas avérés actuels ont été comptabilisés dans les entretiens menés », Technologia note qu’il tempère : « Étant donné que 30 entretiens ont été réalisés hors panel et demandés par des volontaires, il est possible que les situations difficiles soient surreprésentées. »
« Il s’emporte, il hurle, son humeur change tout le temps, c’est ingérable au quotidien, le pouvoir lui est monté à la tête »
Comme l’ont montré plusieurs enquêtes de presse ces derniers mois, le turnover est mis en avant par ce rapport et la part des salariés en CDI a fortement baissé. Une situation que la FFT explique par « l’augmentation des contrats à durée déterminée sous l’effet des effectifs supplémentaires » pour les Jeux Olympiques et Paralympiques.
Les procès-verbaux des réunions du CSE sont également vivement critiqués. « Les comptes rendus du CSE montrent que le dialogue social à la FFT n’est ni sincère ni transparent. Les demandes répétées des représentants du CSE ne sont pas prises en compte sur un certain nombre de sujets », a-t-il ajouté. écrit Technologie.
Moretton, président de la FFT, n’a pas été épargné : « Le fonctionnement de la FFT sous un régime « présidentiel » contribue à des pratiques que l’on peut qualifier d’autoritaires. » D’après les témoignages des salariés : « Le président fait peur aux salariés, il n’est pas bienveillant ; Le président est dans la brutalité managériale, pas dans l’humanité ; Le président est caractériel, il peut faire peur, on ne sait pas quand les choses peuvent mal tourner, on n’est jamais serein quand il est là ; Il s’emporte, il hurle, il change d’humeur tout le temps, c’est ingérable au quotidien, le pouvoir lui est monté à la tête. »
« Le président reconnaît qu’il n’a pas « suffisamment écouté ». (…) Il note cependant la stabilité retrouvée au sein des équipes depuis la nomination du nouveau directeur général »
Concernant les anciens directeurs généraux de la FFT, Amélie Oudéa-Castera, l’actuelle ministre démissionnaire des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, est perçue comme « compétent mais brutal ». Concernant Caroline Flaissier, qui a succédé à « AOC », cela va beaucoup plus loin : « Il existe des rapports de comportements similaires à un management toxique. » Selon un employé, « Elle a créé une très mauvaise ambiance. C’était un peu une dictature. Elle savait tout sur tout, c’était très agressif, très tendu, très conflictuel. » Le nouveau directeur général de la FFT, Stéphane Morel, nommé en mars, « semble avoir apporté un climat plus apaisé à la FFT », selon Technologia.
Gilles Moretton, qui répond à Technologia dans ce rapport, ne partage pas toutes les conclusions du cabinet. « Il y a un mot qui m’a fait crier, c’est « terreur » », Il a commenté. Dans le rapport : « Le président reconnaît qu’il n’a pas « suffisamment écouté ». (…) Il note cependant la stabilité retrouvée au sein des équipes depuis la nomination du nouveau directeur général. » En mars, dans une interview qu’il nous a accordée, Moretton a déclaré : « Je ne dis pas que tout va absolument bien. Et nous sommes déterminés par rapport à l’objectif d’amélioration de la qualité de vie au travail. »