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La fermeture prévue de la piste secondaire de l’aéroport de Bordeaux divise les communes de la métropole

Cette piste accueille environ 15 % du trafic aérien de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac et sa fermeture pourrait entraîner une augmentation des nuisances sonores pour les habitants de certaines communes de la métropole.

Le Figaro Bordeaux

C’est une question épineuse à travers laquelle se dessine la place que prendra l’aéroport de Bordeaux-Mérignac (Gironde) dans les années à venir. La piste sécante (ou piste secondaire) de l’établissement aéroportuaire – qui forme une traverse traversant la piste principale – pourrait prochainement être fermée au trafic aérien, ce qui réduirait fortement les nuisances sonores pour les communes situées en contrebas, mais en déplaçant le trafic aérien, et donc du bruit, vers d’autres communes survolées par des avions. Un sujet aux répercussions politiques, économiques, écologiques et sociétales.

Problèmes économique

La commune de Mérignac est la deuxième plus grande ville de la métropole. L’implantation aéroportuaire a donc la particularité de s’inscrire dans un tissu urbain très dense, l’agglomération bordelaise s’étant énormément développée ces dernières décennies. Cette croissance se traduit par une véritable manne économique puisqu’environ 40 000 emplois sont liés à l’activité de la plateforme. L’établissement envisage de porter ce chiffre à 50 000 au cours de la prochaine décennie. L’activité aéroportuaire représente « plusieurs milliards engagés sur le territoire de la Nouvelle-Aquitaine »souligne Christine Bost, présidente de Bordeaux Métropole.

En 2019, année record, l’aéroport de Bordeaux-Mérignac a transporté près de huit millions de voyageurs. Aujourd’hui, 85 % du trafic s’effectue sur la piste principale et 15 % sur la piste sécante. Après une lente reprise du trafic depuis 2021, la fréquentation a retrouvé un niveau d’avant Covid, avec plus de 6,5 millions de voyageurs transportés en 2023. Avant la crise sanitaire, l’établissement tablait sur une hausse des vols avec des chiffres pouvant atteindre 16 millions. passagers par an. Un trafic fou qui serait « absolument inacceptable pour nos populations »estime Christine Bost.

Pollution sonore

L’aéroport « est un outil précieux et essentiel mais qu’il faut maîtriser »a en effet expliqué le président de la métropole lors d’une conférence de presse ce mardi, soulignant l’importance de « mesurer les impacts sur son environnement ». Au-delà de la pollution atmosphérique provoquée par le trafic aérien – le secteur aérien contribue à lui seul à environ 6 % du réchauffement climatique – les vols à destination et en provenance de Bordeaux-Mérignac provoquent d’importantes nuisances sonores pour les habitants du territoire. zone urbaine située le long des deux voies.

« Aujourd’hui nos populations sont à fleur de peau », a résumé Christine Bost. La baisse temporaire du trafic aérien pendant l’épidémie de coronavirus a permis aux habitants des communes limitrophes de l’aéroport de « Goûtez au plaisir du calme »lequel « a renforcé la frustration qui a suivi la reprise du trafic ». L’association eysino-haillanaise de défense contre les nuisances aéroportuaires (AEHDCNA) œuvre par exemple depuis longtemps pour exiger le maintien de la piste sécante et la suppression des vols de nuit, rappelant les lourds impacts des nuisances sonores sur la santé. physique et mental.

Au-delà des pistes entrecroisées et des vols de nuit, la métropole rappelle aussi que l’aéroport de Bordeaux a une vocation commerciale mais aussi militaire. Il accueille occasionnellement des vols de l’armée de l’air.

Le cas des vols de nuit

« C’est agréable de partir la nuit », écrivait Antoine de Saint-Exupéry. Près d’un siècle après la publication de Vol de nuit, la majorité des aéroports français y ont renoncé en raison de l’impact sur la santé (l’exposition au bruit augmente notamment le risque de maladies coronariennes et d’accidents cardiovasculaires). Bordeaux-Mérignac reste donc aujourd’hui l’un des seuls établissements aéroportuaires à ne pas avoir mis en place de restrictions sur les mouvements d’avions de nuit (entre minuit et six heures du matin).

La part annuelle des vols de nuit est actuellement estimée entre 5 et 6 % des mouvements d’avions, selon l’implantation aéroportuaire. En 2021, sur les 48 000 décollages et atterrissages, 2 800 ont eu lieu de nuit, soit un peu plus de sept vols de nuit quotidiens en moyenne, précise l’aéroport. En 2015, ils n’étaient pourtant que 1 300 et le chiffre de 2021 – un an après l’épidémie de coronavirus – est une sorte d’illusion liée à une lente reprise du trafic, puisqu’en 2018, 4 200 mouvements nocturnes avaient eu lieu à Bordeaux.

Dans sa feuille de route « vers un nouveau modèle aéroportuaire durable d’ici 2027 »présenté fin 2022, l’aéroport de Bordeaux-Mérignac s’est engagé « pour la réduction des vols de nuit en mettant en place une modulation renforcée des prix pour les compagnies aériennes privilégiant les vols de jour ». Une incitation donc, pas une interdiction à proprement parler. Mais d’ici fin juin, le préfet de Gironde, Étienne Guyot, rendra ses conclusions à ce sujet. Des moyens de réguler, voire de supprimer les vols de nuit, sont envisagés et de nombreux élus métropolitains réclament l’interdiction totale de certaines plages horaires.

La ville divisée sur le sujet

Politiquement, c’est une poudrière. Bordeaux Métropole compte 28 communes et la nouvelle présidente Christine Bost est également maire d’Eysines et farouche opposante à la suppression de la voie sécante depuis plusieurs années, aux côtés des maires du Haillan et de Saint-Jean-d’Illac. Trois communes situées sur le tracé de la voie principale. En mars, les conseillers de Talence, Pessac et Martignas-sur-Jalle (communes situées sur le tracé de la voie sécante) écrivent à Christine Bost pour demander un entretien au cours duquel « argumentent (leur) soutien à la suppression de la voie secondaire ». Le président de l’agglomération les recevra en juin.

Le 30 mai, une réunion publique a été organisée à Eysines par l’AEHDCNA pour dire « non à la fermeture de la piste sécante ». Plusieurs élus devraient intervenir, dont Christine Bost. Côté aéroportuaire, plusieurs scénarios ont été envisagés : maintenir la piste secondaire en réalisant des travaux, la supprimer et doubler la piste principale, ou encore supprimer la piste sécante. Cette dernière solution serait le scénario le plus probable, mais ce sera au ministère des Transports de prendre une décision, l’État étant l’actionnaire majoritaire de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.

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