Le président de la Fed, Jerome Powell, le 20 mars 2024 à Washington (AFP / Mandel NGAN)
La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu ses taux d’intérêt inchangés mercredi à l’issue de sa dernière réunion, invoquant le récent « manque de progrès » sur le front de l’inflation, mais a annoncé qu’elle allait dégonfler le volume des actifs de son bilan moins rapidement que prévu. Juin.
La banque centrale américaine a laissé ses taux au plus haut depuis plus de vingt ans, entre 5,25 et 5,50%, fourchette à l’intérieur de laquelle ils évoluent depuis juillet, a-t-elle annoncé dans un communiqué publié à l’issue de sa réunion.
Cela a pour effet de maintenir les taux d’intérêt sur les prêts immobiliers, les cartes de crédit, les prêts automobiles, etc. à un niveau élevé, afin d’empêcher les prix de continuer à monter en flèche.
Le président de la Fed, Jerome Powell, doit tenir une conférence de presse à 14h30 heure locale (18h30 GMT).
Le Comité de politique monétaire (FOMC) déclare que « ces derniers mois, il y a eu un manque de progrès vers l’objectif du Comité d’une inflation de 2 % ».
L’inflation semblait en passe d’atteindre progressivement son objectif de 2 %.
Graphique montrant l’évolution de l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis, sur un an (AFP / Samuel BARBOSA)
Mais depuis janvier, il repart à la hausse, à 2,7% sur un an en mars, selon l’indice PCE privilégié par la Fed – celui qu’elle veut abaisser à 2% -, et à 3,5% selon l’indice CPI. .
La Fed maintient « sa position, comme si elle faisait une pose de yoga. Elle doit maintenir les taux, au moins au niveau actuel », sinon elle fait face à « une reprise de l’inflation », a commenté mercredi lors d’une conférence téléphonique (avant la décision ) Nela Richardson, économiste en chef d’ADP, qui publie une enquête mensuelle sur l’emploi privé.
Les marchés, qui espéraient voir les taux commencer à baisser en juin, misent désormais plutôt sur septembre, voire novembre, selon l’estimation du groupe CME.
« La Fed aura besoin de plusieurs mois de bonnes nouvelles sur la croissance des salaires et l’inflation », note Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics.
– Réduire le bilan plus lentement –
La Réserve fédérale marque cependant le début d’un assouplissement de sa politique monétaire : elle a annoncé mercredi qu’elle réduirait plus lentement le volume des actifs de son bilan à partir de juin.
Evolution du taux directeur de la Fed depuis 1985 (AFP / Valentin RAKOVSKY)
Le portefeuille de la Fed s’est développé pendant la pandémie, lorsqu’elle a acheté massivement des titres, inondant le marché de liquidités pour maintenir le fonctionnement du système financier.
Puis, parallèlement aux hausses de taux destinées à lutter contre l’inflation, elle a vendu des titres, réduisant son portefeuille de 1 500 milliards de dollars.
Le rebond de l’inflation aux Etats-Unis contraste avec l’Europe, où le fort ralentissement de l’inflation conduit la Banque centrale européenne (BCE) à envisager une baisse des taux à partir de juin.
Le marché du travail américain reste également trop tendu au goût de la Fed. Les chiffres officiels du mois d’avril seront publiés vendredi, mais les entreprises du secteur privé à elles seules ont créé 192 000 emplois en avril, selon l’enquête mensuelle ADP/Stanford Lab publiée mercredi.
Pour enfoncer le clou, l’indice du coût de l’emploi a été bien plus élevé que prévu au premier trimestre, « ce qui laisse penser que la décélération des salaires s’est arrêtée, au moins temporairement », note Krishna Guha, économiste chez Evercore, société de conseil en investissement.
Jerome Powell devrait également être interrogé lors de la conférence de presse sur l’élection présidentielle de novembre.
Bien que la Fed soit indépendante du pouvoir politique, le vote, qui opposera le président démocrate Joe Biden à son prédécesseur républicain Donald Trump, aura lieu la veille d’une réunion du comité de politique monétaire.