la famille d’Emmy, fille d’un fleuriste décédé d’un cancer, a vu sa demande d’indemnisation rejetée par la justice
«Cela ajoute de la souffrance à la souffrance. » Laure Marivain, dont la fille Emmy est décédée à 11 ans d’une leucémie après avoir été exposée in utero à des pesticides alors qu’elle était fleuriste, est « profondément choqué et bouleversé » par l’arrêt que vient de rendre la cour d’appel de Rennes. Dans un jugement communiqué mercredi 4 décembre, le tribunal a rejeté la demande des parents d’Emmy en réparation du préjudice subi par leur fille.
« Le tribunal ne peut que constater qu’aucune indemnisation n’est prévue pour la personne décédée, l’indemnisation vise uniquement à compenser l’impact du préjudice physique de l’enfant sur sa vie future », explique les magistrats dans leurs déclarations selon lesquelles Le monde a pu consulter. François Lafforgue, l’avocat de la famille Marivain, dénonce « une situation absurde et scandaleuse » : « Nous indemnisons les enfants victimes de l’exposition professionnelle de leurs parents lorsqu’ils sont en vie, mais pas lorsqu’ils sont décédés. »
Après une longue procédure, la famille Marivain est parvenue à faire reconnaître le décès d’Emmy par la Fonds d’indemnisation des victimes des pesticides (FIVP). En juillet 2023, la FIVP admettait « le lien causal entre la pathologie (d’Emmy) et son exposition aux pesticides pendant la période prénatale ». Une première pour une victime décédée.
« Le combat va continuer »
Une première aussi pour un professionnel des fleurs. L’indemnisation proposée par la FIVP ne prend en revanche en compte que le préjudice subi par « les ayants droit »soit une somme forfaitaire de 25 000 euros pour chacun des parents de l’enfant. C’est cette indemnisation que Laure Marivain et son mari ont contesté devant la cour d’appel de Rennes. « C’est comme si Emmy et sa famille n’avaient pas souffert toutes ces années »commente François Lafforgue.
Entre son diagnostic de leucémie lymphoblastique aiguë B en janvier 2015 et son décès le 12 mars 2022, Emmy a connu une rémission complète et trois rechutes. Elle a passé quatre cent soixante-huit jours dans le service d’oncologie pédiatrique du CHU de Nantes, effectuant des examens médicaux et des interventions chirurgicales. Douleurs lombaires, sciatique, maux de tête, vomissements, séances de chimiothérapie épuisantes, perte de cheveux, perte de poids, isolement social, peur de mourir… Le calvaire de la petite fille est retranscrit dans les rapports médicaux. Celle de la famille d’Emmy n’est enregistrée nulle part.
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