La confrontation a commencé. Les départements menés par la droite et le centre ont annoncé, ce jeudi 14 novembre, leur intention de suspendre à partir du premier jour 2025 le versement du revenu de solidarité active (RSA) et de cesser de soutenir les nouveaux mineurs non accompagnés (UMA) si le gouvernement le faisait. pas revenir sur les coupes budgétaires prévues pour 2025. Dans le projet de loi de finances pour 2025, pour lequel Michel Barnier envisage d’utiliser le 49,3, un effort de 5 milliards d’euros est demandé issus des communautés. Mais cela ne passe pas à droite, qui menace donc de faire des économies sur les plus précaires.
« A partir du 1er janvier, tous les départements de droite et du centre suspendront leurs paiements » du RSA aux caisses d’allocations familiales et « nous ne prendrons plus en charge de nouveaux mineurs non accompagnés », a déclaré lors d’un point presse Nicolas Lacroix (LR), président du groupe des 70 départements de la droite, du centre et des indépendants (DCI) au sein de l’association Départements de Francelors d’une conférence à Angers. Selon l’association, les départements sont la strate des collectivités qui sera la plus impactée par les coupes budgétaires prévues, avec 44% de l’effort, soit 2,2 milliards d’euros (sur 5), alors même que leur situation économique est reconnue comme fragile.
« Jusqu’à présent, nous n’avons rien dit (…), mais la protection de l’enfance n’est pas une politique migratoire. Aujourd’hui, les mineurs non accompagnés, laissons l’État les gérer et les prendre en charge », a ajouté Nicolas Lacroix. En novembre 2023, le département de l’Ain, dirigé par le LR Jean Deguerry, avait déjà annoncé qu’il ne prendrait plus en charge les mineurs isolés arrivant directement sur son territoire, pour des raisons budgétaires pendant au moins trois mois. Mais la justice, saisie par les associations d’aide aux migrants, a suspendu la mesure.
Mobilisation des 25 départements de gauche
Nicolas Lacroix prévoit également « attaquer l’État » au tribunal chaque fois qu’il prend une décision « ce qui impacte les finances des départements sans leur accord » et demande au gouvernement de suspendre les nouvelles revalorisations prévues sous le Ségur. En juin dernier, un arrêté ministériel a étendu la prime « Ségur » créée lors de la pandémie de Covid-19 aux « oubliés » de cette négociation salariale, soit environ 112 000 salariés du secteur associatif, sanitaire, social et médico-social. Le coût total pour les départements est estimé à 170 millions d’euros pour la seule année 2024, la mesure étant rétroactive au 1er janvier. L’association Départements de France a appelé ses adhérents « ne pas mettre en œuvre cette mesure ».
Lors d’un autre point de presse, les présidents des départements de gauche ont brandi des pancartes colorées expliquant l’impact des coupes budgétaires prévues sur la vie des Français. « Nous envisageons également des mobilisations dans nos propres départements » a déclaré Jean-Luc Gleyze, président du groupe des départements de gauche, au nombre de 25 au sein des Départements de France, qui envisage de poser une grande bâche sur le bâtiment du département de la Gironde qu’il préside, ou de manifester. « Si nous défendons aujourd’hui le budget départemental, c’est avant tout parce que nous défendons les personnes que nous aidons au quotidien » a-t-il ajouté, précisant que l’effort budgétaire avait « déjà fait » pour les départements avec une perte de 6 milliards d’euros de droits de mutation en deux ans.
Explosion des dépenses sociales
« Faudra-t-il impacter la personne âgée et lui faire payer plus que ce qu’elle doit payer dans les Ehpad ? Faut-il réduire le nombre de travailleurs sociaux ? Faut-il moins soutenir les clubs sportifs ? Faut-il moins protéger les enfants ? Faut-il augmenter le prix des cantines scolaires pour les collégiens ? il a demandé.
Les départements font face à une explosion de leurs dépenses sociales en matière de protection de l’enfance, d’aide aux personnes âgées dépendantes et aux personnes handicapées, mais voient dans le même temps leurs recettes issues des transactions immobilières diminuer et enregistrent moins que la TVA comme prévu. Les départements demandent donc au gouvernement de revoir sa copie en abandonnant le prélèvement prévu sur les recettes de fonctionnement et en gelant la dynamique TVA.