La droite à Matignon, LFI joue la rue contre le « coup de force » de Macron
Deux mois jour pour jour après les élections législatives qu’elle croit avoir remportées, la France Insoumise organise sa riposte dans la rue et appelle à manifester dans des dizaines de villes contre le « coup de force » par Emmanuel Macron.
Leur détermination a été décuplée par la nomination de Michel Barnier à Matignon jeudi. Un Premier ministre de droite, preuve que « l’élection a été volée » pour le patriarche rebelle Jean-Luc Mélenchon, qui a exhorté ses troupes à « la mobilisation la plus puissante possible ».
« Le président de la République vient de décider de nommer un Premier ministre issu d’un parti politique qui a obtenu 6% des voix aux législatives et qui ne compte que 40 députés »a insisté vendredi le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, pour qui Emmanuel Macron « a tout simplement décidé d’ignorer les résultats des élections législatives ». « C’est une décision très grave qui a été prise »il a en outre soutenu.
L’initiative lancée fin août par deux syndicats étudiants et lycéens a été immédiatement reprise par LFI, qui en a fait l’élément central de son nouveau triptyque : « censure, mobilisation, licenciement ».
En attendant la réouverture de l’Assemblée (au plus tard le 1er octobre), pour tenter de faire tomber le gouvernement et le chef de l’Etat, le premier tour se joue donc dans la rue.
Les organisateurs annoncent « 150 points de mobilisation dans toute la France », à commencer par Paris où le rassemblement est prévu à 14 heures place de la Bastille. Le chef du Parti communiste Fabien Roussel sera également présent, tandis que la cheffe des écologistes Marine Tondelier défilera à Lille.
« Alors que Michel Barnier n’a même pas dit ce qu’il allait faire (…) ils manifestent déjà tous. On comprend que leur objectif est d’organiser le chaos »Le député macroniste Sylvain Maillard a râlé sur franceinfo samedi matin.
Mais au-delà des leaders et des militants, combien seront-ils ? La police anticipait une participation limitée, autour de 30.000 manifestants, alors que 4.000 à 8.000 sont attendus dans la capitale.
Rassemblement d’opinion
Mais « La mobilisation tend à se renforcer davantage avec une forte activité sur les réseaux sociaux et tous les médias »a souligné une source policière.
Veuillez noter cependant que le début de l’année universitaire est « encore loin » et cela « Les principaux syndicats n’ont pas répondu à l’appel à manifester, se concentrant sur des dates ultérieures ».
La CGT a rapidement pris ses distances et fixé sa propre date pour la rentrée sociale, le 1er octobre.
Autre absence notable, le Parti socialiste n’a pas relayé l’appel à manifester, même si certaines de ses fédérations locales y participeront.
Le Nouveau Front Populaire, qui revendique la victoire aux législatives avec ses 193 députés, ne sera donc pas au complet pour protester contre la « déni de démocratie » qu’il dénonce pourtant à l’unisson.
Une difficulté à agir de concert déjà illustrée par la demande de destitution du président de la République : la proposition de résolution, déposée par les députés Insoumis en début de semaine, a bien été paraphée par les 72 membres du groupe LFI, mais seuls six élus écologistes et trois élus ultramarins l’ont rejointe.
Pour briser cet isolement, le parti de gauche radicale tente par tous les moyens de rallier l’opinion à sa cause. Outre les manifestations de samedi, une pétition de soutien à la procédure de destitution d’Emmanuel Macron a recueilli près de 260 000 signatures en une semaine.
Une procédure jugée « aussi infondé que ridicule » par l’ancien Premier ministre Edouard Philippe. Dans une interview à Paris Normandie, il juge « essentiel pour les institutions » qu’Emmanuel Macron « terminer son mandat ». Et lui-même, assure-t-il, ne s’enregistre pas « pas du tout dans une affaire de déstabilisation » du chef de l’Etat, même s’il a officialisé cette semaine sa candidature à l’Elysée.
De son côté, Michel Barnier poursuit son installation à Matignon, où il a nommé vendredi soir son directeur de cabinet. Le Premier ministre rencontrera samedi à 11 heures sa prédécesseure Elisabeth Borne, avant de déjeuner à l’Assemblée avec la présidente Yaël Braun-Pivet.
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