Alors qu’Emmanuel Macron a donné aux États membres de l’Union européenne à la « fin du semestre » pour voir « s’il existe une nouvelle coopération qui peut voir le jour », en particulier la possibilité de faire d’autres pays alliés de dissuasion nucléaire français, cette mise en œuvre est loin d’être évidente.
De grands maux les grands remèdes du placebo? Avec le retour au pouvoir du président américain Donald Trump, ses remarques ambivalentes sur l’alliance de l’Atlantique et son rapprochement spectaculaire avec la Russie, toutes les cartes géopolitiques ont été repoussées dans quelques semaines.
À tel point que le président de la République Emmanuel Macron a considéré que dès que la Russie, « l’énergie nucléaire », est « l’agresseur » dans la guerre en Ukraine « , d’une manière plutôt légitime, l’Europe doit se poser la question de la dissuasion nucléaire pour lui-même ».
Le chef de l’État, dans cet esprit, a déclaré jeudi dernier à « la fin du semestre » de voir « s’il y a une nouvelle coopération qui peut émerger », au sein de l’Union européenne, autour de la possibilité de faire de d’autres pays alliés de dissuasion nucléaire français.
« Nous allons ouvrir une phase où nos techniciens échangeront », « un dialogue à la fois stratégique et technique, et suivra les échanges au niveau des chefs d’État et du gouvernement pour regarder à la fin du semestre s’il existe une nouvelle coopération qui peut voir la lumière », a déclaré le président français après un sommet de l’UE à Brustels, dans lequel il a dit « plusieurs dirigeants.
Emmanuel Macron avait déclaré le week-end précédent et confirmé mercredi dans un discours solennel, qu’il avait « décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen », en réponse à un « appel historique » dans ce sens du futur chancelier allemand Friedrich Merz.
Un parapluie nucléaire déployable?
Si la France est le seul pays d’Europe occidentale, avec le Royaume-Uni, doté d’armes nucléaires, les autres pays européens des membres de l’OTAN sont jusqu’à présent sous l’égide de la dissuasion nucléaire américaine.
Néanmoins, pour inverser cet équilibre des pouvoirs, Jean-Marie Collin, directrice de l’ICAN France, branche française de la campagne internationale pour abolir les armes nucléaires et chercheur associé à l’adhérence, rappelle à CNEWS que « le traité non prolifératif nucléaire (TNP) interdit également le parking d’armes nucléaires de l’article 6, tous les États de l’État dans un état de bien-être. Désarmement.
«Le président de la République française ne partagera pas le pouvoir d’engager les forces nucléaires avec d’autres États. Ce sera donc toujours une décision de la France. En outre, le stationnement des armes nucléaires dans d’autres territoires que celui de la France est actuellement exclu, pour des raisons techniques et politiques, mais aussi du droit international comme mentionné avec les obligations du TNP « , a ajouté l’expert.
En excluant cette hypothèse, Jean-Marie Collin considère ainsi que les États qui accepteraient de se retrouver sous ce parapluie nucléaire préfèrent se tourner vers un soutien financier. « Mais cela signifie que la France ne sera plus indépendante et il est possible que les États qui paieront, souhaiteront avoir leur mot à dire sur la doctrine de l’emploi. Ces États européens joueront des rôles importants qui seront en contradiction avec leur obligation légale internationale ».
«Il convient également de noter que cette protection ne peut pas être effectuée dans tout le territoire européen. Il y aura des trous dans la raquette, car les États de l’Union européenne – Autriche, Irlande, Malte – qui refuseront tout lien avec les armes nucléaires, car ils sont membres du traité d’interdiction d’armes nucléaires « , a déclaré le directeur de l’ICAN France.
Risques de ne pas négliger
Cependant, en plus de la faisabilité d’un tel « dôme de fer » européen, sa mise en œuvre comprendrait de nombreux risques pour l’Europe, mais aussi le monde entier, conduisant à un reflet plus large des armes nucléaires et de son rôle dissuasif.
«La dissuasion nucléaire implique de menacer les États inventivement l’utilisation d’une arme de destruction massive. La notion de «défense» est donc très relative. La dissuasion française est basée sur le principe de l’emploi d’abord de l’arme nucléaire. C’est ce qu’on appelle l’avertissement ultime, l’utilisation d’au moins un missile nucléaire aéroporté (type ASMP-A) d’une puissance de destruction de 300 kilotons, c’est-à-dire 20 fois le pouvoir de l’arme qui a détruit la ville d’Hiroshima, au Japon. Ce n’est donc rien de défensif, c’est un renoncement aux principes clés du droit international, y compris le droit humanitaire international », explique Jean-Marie Collin.
Face à l’incertitude des relations transatlantiques, à se reposer davantage sur ses propres capacités de défense et à un effort budgétaire dans les dépenses militaires de la France et de l’Europe, l’Union européenne et Emmanuel Macron sont susceptibles de provoquer une forte réaction du Kremlin sans vouloir, allant vers l’escalade, au moment où l’opinion publique semble largement contre une nouvelle guerre.
«L’histoire nous montre que la dissuasion nucléaire est faillible, est basée sur la chance et induit l’acceptation des objectifs des populations civiles. Cela ne protège pas. L’exemple d’Ukraine qui attaque les sites stratégiques et les villes russes révèle bien cette insécurité « , selon le chercheur associé au GIP.
«Si un parapluie nucléaire européen devait être mis en place, les conséquences négatives seraient très nombreuses. Il y aura une banalisation de l’arme nucléaire, ce qui rend le risque d’emploi pour cette arme plus grande de destruction massive. Il sera impossible de critiquer la Russie qui déploie des armes nucléaires au Bélarus. De plus, cela justifiera le discours de Poutine que l’Occident veut les attaquer. La Russie augmentera son arsenal nucléaire créant une réaction en chaîne, d’autres puissances nucléaires agissant de la même manière. D’autres États du monde entier pourraient également décider d’étendre leur « parapluie » nucléaire, après cette précédente européenne « , a-t-il énuméré.
Enfin, toujours selon Jean-Marie Collin, si Emmanuel Macron « la sécurité de la recherche, il ne le trouvera pas en étendant l’ombre des armes nucléaires sur l’Europe; au contraire, cela ne fera qu’insécurité et augmentera le risque d’emploi volontaire ou d’accident. »