La dimension politique de l’œuvre de Marc Chagall au cœur d’une grande exposition à Nice
Après Roubaix et Madrid, « Chagall politique – Le Cri de liberté » s’installe à Nice tout l’été. Une exposition qui propose une autre lecture de son œuvre, marquée par les guerres et l’exil.
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Troisième et dernière étape de cette exposition itinérante coproduite avec La Piscine de Roubaix et la Fondation MAPRE de Madrid, le musée national Marc Chagall accueille à son tour Chagall politique – Le cri de la liberté. Exposition qui, grâce à de nombreux prêts prestigieux français et internationaux, présente le travail de l’artiste à la lumière des événements historiques dont il a été témoin et victime.
« Chagall connaît plusieurs exils, il connaît les pogroms en Russie, la Première Guerre mondiale, la Révolution russe, puis l’exil aux Etats-Unis à cause des persécutions nazies. Toute sa vie, Chagall a été bouleversé et cela se reflète dans son art« , explique Anne Dopffer, conservatrice générale du patrimoine et directrice des musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes.
Artiste juif né en Biélorussie, alors partie intégrante de l’Empire russe, Chagall a été classé parmi les « dégénérés » par l’Allemagne nazie. Une de ses peintures est présentée dans l’exposition Art dégénéré inaugurée en juillet 1937 à Munich, parmi près de 700 œuvres appartenant à tous les courants de la modernité artistique du début du siècle, destinées à rabaisser ces artistes aux yeux du public et à servir la propagande nazie.
Miraculeusement sauvé de la destruction, ce tableau, Pourim, peint en 1916, fut finalement vendu par les nazis à un collectionneur qui en fit don au musée de Philadelphie. Un tableau que le public peut actuellement admirer à Nice. « Avoir dans son musée un tableau qui a été touché par les nazis qui ont monté cette terrible exposition, pour dénigrer et stigmatiser, c’est particulièrement émouvant.« , précise Anne Dopffer.
Réfugié en zone libre au début de la guerre, Chagall est finalement contraint de s’exiler à New York en 1941, le régime collaborationniste de Vichy ayant annulé sa naturalisation. A partir de là, la guerre et le sort des Juifs marqueront sa peinture, et forgeront son engagement indéfectible en faveur de l’égalité, de la tolérance et de la paix.
« Enfin, le musée de Nice en 1973, musée national du Message Biblique (son nom jusqu’en 2008), devient véritablement un manifeste pour la paix, pour la compréhension entre tous les peuples, avec un message de tolérance et d’ouverture. C’est donc vraiment une maison pour tout le monde« , précise Grégory Couderc, responsable scientifique des collections du musée national Marc Chagall.
Cette exposition fait l’objet d’un prêt exceptionnel de 33 œuvres issues des collections du Centre Pompidou – Musée national d’art moderne de Paris.
« Chagall politique – Le cri de la liberté », jusqu’au 16 septembre 2024 – Musée national Marc Chagall, avenue du Docteur Ménard 06000 Nice. Tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 18h