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La dialectique de la guerre et de la drogue en Israël

Cigarettes de cannabis de Pharmocann, une société israélienne, dans le nord d'Israël, le 24 janvier 2019.

LLes premières vagues d’immigrants sionistes en Palestine au début du siècle dernier étaient souvent convaincues d’incarner une forme de supériorité occidentale sur un Orient somme toute décadent. Un tel préjugé a alimenté un préjugé tenace contre le haschisch, produit en Syrie et au Liban mais très populaire en Égypte, où l’interdiction du cannabis n’a fait qu’augmenter les prix, sans jamais arrêter sa consommation massive.

Bien que la Palestine ne soit alors qu’un territoire de transit pour divers réseaux de trafic, le quotidien hébreu le plus populaire accuse en 1938 les nationalistes arabes « consommer du haschisch et d’autres stupéfiants »L’État d’Israël, depuis sa fondation en 1948, a institutionnalisé l’interdiction des stupéfiants, ce qui a donné lieu à une vive controverse six ans plus tard lorsque du cannabis a été découvert cultivé par de petits groupes d’immigrants venus du Maroc.

La bascule libanaise

Le triomphe israélien dans la guerre des Six Jours de 1967, avec l’occupation du territoire palestinien de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de Gaza, coïncide avec la diffusion de la culture hippie dans la société israélienne. De plus en plus de jeunes, après leur service militaire (trois ans pour les hommes et deux pour les femmes), choisissent de passer de longs mois en Inde, un pèlerinage très psychédélique qui sert de passerelle vers la vie active en Israël. Une sous-culture banalisant la consommation de « drogues douces » prend progressivement racine.

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L’invasion israélienne du Liban en 1982 a facilité l’accès des producteurs de haschisch libanais au marché israélien, où le cannabis, de moins en moins cher, continuait de gagner en popularité. En 1983, le volume de stupéfiants importés en Israël depuis le Liban était estimé à 700 tonnes de haschisch et une demi-tonne d’héroïne. Une étude de 1988 estimait qu’un adulte israélien sur dix était un consommateur régulier et un sur cent un toxicomane dépendant.

A ce défi de santé publique s’ajoute une réelle vulnérabilité sécuritaire. La milice pro-iranienne du Hezbollah s’est en effet emparée d’une grande partie de la production de haschisch et d’héroïne au Liban, les stupéfiants devenant un appât, voire une monnaie d’échange, auprès d’officiers israéliens compromis. En 2000, un colonel israélien à la retraite, attiré à Dubaï par la perspective d’un marché lucratif, y a été kidnappé pour être livré au Hezbollah à Beyrouth.

Il n’a été libéré que quatre ans plus tard, en échange de la libération par Israël de 435 prisonniers arabes, dont des cadres de la milice chiite. En 2006, un colonel israélien en activité a été condamné à douze ans de prison pour trafic de drogue et espionnage au profit du Hezbollah, qui payait sa collaboration dans le domaine de l’héroïne. Ce verdict retentissant a marqué la fin d’un quart de siècle d’ère libanaise des stupéfiants en Israël.

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Eleon Lass

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