La DGSE recrute à visage découvert
La DGSE, Direction générale de la sécurité extérieure, est située de part et d’autre du boulevard Mortier dans le 20e arrondissement de Paris. Deux sites se font face reliés par un tunnel souterrain. Plusieurs milliers de personnes y travaillent chaque jour et cette année encore le service va recruter 800 personnes supplémentaires.
La disparition d’un ancien modèle de recrutement
« Nous avons besoin d’un cryptologue par exemple. C’est un métier un peu traditionnel mais extrêmement important, qui s’est transformé très rapidement ces dernières années. Cette spécialité, qui permet de travailler sur des ordinateurs très puissants, est très recherchée. Nous avons besoin de personnes maîtrisant l’intelligence artificielle, les données et même les hackers sont les bienvenus chez nous » explique Antoine*. Le directeur administratif de la DGSE est chargé de renouveler les effectifs des 150 métiers dont la DGSE a besoin. Une cellule est spécifiquement dédiée au recrutement et elle se rend dans les forums de l’emploi ou encore dans les écoles d’ingénieurs et certains BTS pour rencontrer les jeunes. personnes qui souhaiteraient rejoindre les services secrets. De plus, l’institution est désormais présente sur les réseaux sociaux comme LinkedIn, Bienvenue dans la jungle Ou teaser du travail. Un recrutement ouvert qui n’a plus rien à voir avec ce qui se pratiquait il y a vingt ans poursuit Antoine : «Dans l’ancien modèle, des citoyens volontaires et informés se manifestaient eux-mêmes ou le service identifiait les profils qu’il allait rechercher. Aujourd’hui, nos besoins en recrutement sont plus massifs qu’avant et nous sommes dans un marché du travail tendu, ce qui est assez nouveau depuis quarante ans.
Roxanne* : une ingénieure en quête de sens
Roxanne fait partie de ces profils techniques recherchés. Elle a eu son premier contact avec la DGSE directement dans son école d’ingénieur il y a quelques années. Après un stage de 6 mois, elle décide de rejoindre les services secrets en tant qu’intérimaire. Un statut qui représente 50% des embauches à la DTI, la Direction Technique et Innovation dont il fait partie : « J’ai commencé par développer des outils internes, notamment pour l’exploitation du renseignement, et après quelques années je me suis orienté vers le cyber offensif avant d’évoluer vers un poste de manager. J’ai toujours un appétit pour l’intérêt général, qui a guidé mon choix de rejoindre la DGSE. Parfois, on regarde l’actualité et on sait qu’on a participé à quelque chose… » Pour conserver ses pépites, la DGSE a récemment adapté sa grille de rémunération pour s’aligner sur le secteur privé en début de carrière. L’institution expérimente également la semaine de quatre jours, une première dans la fonction publique.
Sarah* : une future espionne mise à l’épreuve par les contraintes du service
La DGSE cherche à retenir le plus longtemps possible ses nouvelles recrues car elle maîtrise les codes de la « boîte »
(comme les salariés appellent leur institution) prend du temps. C’est particulièrement vrai pour les futurs officiers, espions qui sont recrutés sur concours. Sarah travaille dans le secteur de la lutte contre le terrorisme, spécialisée dans la zone Afrique : « C’est avant tout une administration où l’écriture est importante. Nous passons donc une grande partie de nos journées à écrire et à faire des reportages. Lorsque vous travaillez sur des opérations qui peuvent être plus ou moins sensibles, vous devez également demander des accords hiérarchiques. Il existe un écosystème administratif qui n’est pas si différent des autres institutions. En revanche, là où l’on entre dans le domaine du spécial parce qu’il s’agit d’un service spécial, c’est au niveau des thématiques et des méthodes qui sont propres au service. . Une formation est nécessaire. Il faut une maturité professionnelle et au moins un an pour maîtriser tous les outils de la « boîte ».
Le dernier domaine de préoccupation de la DGSE est de maintenir à flot ses militaires essentiels, par exemple pour mener des opérations clandestines. Toutes les composantes de la DGSE, spécialistes techniques, recherche humaine avec espions ainsi que militaires seront regroupés dans un nouveau quartier général en 2028 à Fort neuf de Vincennes.
* Les interlocuteurs ne peuvent pas donner leurs noms et certains prénoms ont été modifiés
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