La dette européenne, levier utilisé par l’Arabie saoudite pour protéger les intérêts russes (et les siens)

Riyad tente de se positionner comme un acteur majeur de la diplomatie. La guerre entre la Russie et l’Ukraine a donné à l’Arabie saoudite des armes supplémentaires pour affirmer une forme de puissance clé : celle liée au sort de la dette européenne. Bloomberg révèle que la monarchie du Golfe a menacé l’Union européenne de vendre une partie de sa dette si les avoirs russes gelés situés sur son sol étaient saisis par le G7.

Depuis plusieurs mois, le Groupe des Sept (France, États-Unis, Canada, Japon, Royaume-Uni, Italie et Allemagne) envisage la possibilité de saisir les avoirs russes gelés en février 2022 lors de l’invasion de l’Ukraine afin de réinjecter cet argent dans l’aide apportée à Kiev. Or, près de 300 milliards de dollars d’actifs se trouvent sur le territoire saoudien. Et le pouvoir de Mohammed ben Salmane (MBS) ne l’entend pas de cette oreille.

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La menace saoudienne pourrait inspirer d’autres créanciers

Si l’Arabie saoudite peut se permettre de menacer le G7, c’est parce qu’elle détient plusieurs dizaines de milliards d’euros d’obligations financières liées à la dette européenne. A priori, les obligations du Trésor français seraient particulièrement dans le viseur des Saoudiens, qui détiennent également 155 milliards de dollars de dette américaine.

Certes, les pays du G7 et l’Europe dans son ensemble ne sombreraient pas dans une crise économique sans précédent si leurs obligations étaient vendues au plus offrant. En revanche, cela pourrait donner des idées à d’autres détenteurs de dette. Peu à peu, l’Union européenne serait sans doute perdante. Selon Bloomberg, la menace saoudienne s’est dissipée lorsque le G7 a finalement décidé de ne pas exproprier les actifs russes. Au lieu de cela, une aide de 50 milliards de dollars a été accordée à l’Ukraine en juin. Elle sera remboursée avec les bénéfices des quelque 280 milliards de dollars de fonds russes bloqués sur le sol européen.

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L’Arabie saoudite veut devenir un acteur clé dans le Sud

Contacté par les médias spécialisés dans les marchés, le ministère saoudien des Finances a assuré que :« aucune menace de ce genre n’a été proférée ». « Nos relations avec les membres du G7 et d’autres pays du monde entier sont fondées sur le respect mutuel et nous continuons à discuter de toutes les questions qui favorisent la croissance mondiale et améliorent la résilience du système financier international. »

En réalité, l’économie saoudienne reposant essentiellement sur le pétrole, vendu en dollars, la monarchie n’a que peu d’intérêt à dévaluer cette monnaie. Mais la prétendue menace proférée contre le G7 démontre que le pays dirigé de facto par MBS veut apparaître comme un acteur central parmi les nations dites du Sud, appelées à se positionner dans la guerre entre Moscou et Kiev.