En affirmant qu’il y a « parfois un lien entre insécurité et immigration », le député Renaissance oppose la position de la tête de liste macroniste.
La majorité présidentielle n’est pas étrangère aux revirements de position sur l’immigration. Après l’enchaînement chaotique du projet de loi immigration l’hiver dernier, la dernière doctrine en vigueur chez les macronistes est désormais brandie par la tête de liste européenne, Valérie Hayer. « Je n’essentialise pas les gens. Je ne fais pas de lien, comme le fait le Rassemblement national, entre immigration et délinquance.»a souligné le candidat du camp présidentiel le 12 mai dans le « Grand rendez-vous » Europe 1/CNews/Les échos.
« Faire face aux choses en face »
Une position contestée ce lundi matin par la députée Renaissance Maud Bregeon. Invité d’Europe 1 et de CNews, l’élu des Hauts-de Seine a estimé que« Aujourd’hui en France, pas tout le temps mais parfois, il y a un lien entre précarité et immigration ». « Il faut être aveugle pour dire le contraire »dit-elle en précisant que « Cela ne veut pas dire que nous essentialisons les gens ». Et pour appeler « regarder les choses en face » après l’attaque au couteau survenue ce dimanche à Lyon par un Marocain soumis à l’obligation de quitter le territoire français (OQTF). Si elle contredit sa propre candidate aux élections européennes, Maud Bregeon assure qu’elle ne fait que servir de relais à Emmanuel Macron et Gérald Darmanin. « Le président de la République l’a dit. Le ministre de l’Intérieur l’a dit”a fait valoir l’élu macroniste.
En réalité, le chef de l’Etat a refusé d’établir tout « lien existentiel entre immigration et insécurité », lors d’un entretien avec France 2, le 26 octobre 2022. « Aujourd’hui, quand on regarde la délinquance par exemple à Paris, où on a une forte concentration (…) de cette immigration clandestine, oui, elle est très présente dans les actes de délinquance », avait toutefois nuancé Emmanuel Macron. En août 2022, le ministre de l’Intérieur a tenté la même astuce. « Le petit-fils d’immigrés que je suis ne fait pas le lien entre immigration et délinquance » Gérald Darmanin s’est d’abord expliqué. Avant d’estimer que« Il serait stupide de ne pas dire qu’une part importante de la délinquance vient des immigrés.
Critiqué dans son propre camp
Sautant sur l’occasion, les opposants aux macronistes n’ont pas hésité à pointer du doigt les incohérences de la majorité présidentielle. « Il faudrait être d’accord avec Valérie Hayer. Il est clair que les macronistes mènent cette campagne comme ils dirigent la France.»s’est moqué le député du Rassemblement national (RN) Thomas Ménage sur X. « Habituellement, au bout de la dérive, il y a un naufrage » de son côté, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a philosophe. Perturbatrice, la sortie de Maud Bregeon a fait réagir jusque dans son propre camp. « Dans le cas présent, nous avons avant tout un lien entre passage à l’acte et profil psychologique »Le député Renaissance Éric Bothorel a rétorqué «profil psychiatrique lourd» sur le suspect de l’attentat de Lyon.