La dengue menace l’Indre-et-Loire

Dans le quartier de la Mésangerie, à Saint-Cyr-sur-Loire, les forces de l’ordre collaient des affiches sur les portes d’entrée des résidences en début d’après-midi, mercredi 14 août 2024. Une opération de démoustication, organisée par l’Agence régionale de santé, a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi dans plusieurs rues de la ville, suite à la découverte d’un cas importé de dengue – aucun cas autochtone n’a encore été révélé en Indre-et-Loire.

L’opération visait à éradiquer les moustiques tigres présents sur ce territoire et ainsi prévenir la propagation de la maladie. «  C’est très efficace. Le moustique tigre transmet le virus mais il vole mal et ne se déplace pas bien loin. Si la personne porteuse de la maladie est rapidement identifiée, une campagne ciblée peut permettre de tuer les moustiques et donc potentiellement celui qui a piqué la personne malade, ce qui évitera qu’ils ne contaminent quelqu’un d’autre. »explique le Dr Lemaignen, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Tours.

« Il faut sensibiliser le public »

Le moustique tigre, présent dans le département depuis deux ans, progresse. La dengue, le virus Zika et le chikungunya sont les principales maladies tropicales redoutées par la piqûre de l’insecte.

Cette année, l’accent est mis principalement sur le premier. «  Nous sommes confrontés à la plus grande pandémie de dengue depuis dix ans, Le Dr Lemaignen s’inquiète. Cela a commencé en Amérique il y a quelques mois. Pour l’instant, c’est surtout en Afrique et cela va se déplacer vers l’Asie. C’est assez cyclique. »

Pour que la maladie se propage sur un territoire, plusieurs éléments doivent être présents. « Il y en a troisreconnaît le spécialisteIl faut un moustique, une population sans anticorps et un porteur. Par exemple, si quelqu’un revient d’un voyage malade, il peut se faire piquer et une chaîne de transmission peut commencer. »

Ainsi, pour lutter contre la prolifération de la dengue, la prévention doit être rigoureuse. «  Il faut éliminer toute eau stagnante, vider les pots de fleurs et couvrir les réservoirs d’eau. Toute personne ayant voyagé dans une zone à risque et présentant de la fièvre doit consulter un médecin, qui pourra alors signaler le cas s’il est confirmé. Il convient de sensibiliser le public  » explique le Dr Lemaignen.

La lutte contre les moustiques ne fait pas l’unanimité

Les habitants du quartier de la Mésangerie n’ont pas tous accueilli la nouvelle de la même manière. «  On entend souvent parler des moustiques tigres, mais je n’en vois jamais. On ne parle que de maladies. Il y a des ouvertures qui mènent à l’extérieur. Si les produits chimiques pénètrent à l’intérieur, que fait-on ? »se demande Michelle.

D’autres, comme Jean-Louis, ont apprécié l’initiative. «  C’est très bien, il faut le faire. »dit-il. Un sentiment partagé par José : « Un cas de dengue est toujours inquiétant. Je ne vois pas de moustiques tigres ici mais je fais attention à ne pas laisser d’eau stagnante. J’étais à Marrakech il y a quelques années, il y avait des opérations de démoustication tous les soirs. »

Par mesure de précaution, l’ARS avait demandé aux habitants de fermer leurs fenêtres et de ne pas laisser sécher leur linge dehors pendant l’opération.

Après la pulvérisation, il est conseillé de rincer le mobilier de jardin à l’eau, d’attendre trois jours avant de manger les fruits du jardin et de privilégier les activités d’intérieur pour les enfants pendant 24 heures.