La démocratie vacille autour du président Luis Arce
Un général bolivien, chef de l’armée, a positionné mercredi ses véhicules blindés devant le palais présidentiel de La Paz. Le président, au pouvoir depuis quatre ans, n’a pas cédé et la Bolivie a évité une crise majeure. Mais cela n’augure rien de bon pour l’avenir.
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« La démocratie a été sauvée », s’est exclamé Luis Arce depuis le balcon du palais présidentiel, devant une foule venue célébrer l’échec du coup d’État. Le président bolivien a également installé le nouveau commandant des forces armées après l’arrestation du général Juan José Zuniga, celui qui avait tenté de le renverser mercredi 26 juin. Un autre responsable militaire, chef de la Marine, a également été arrêté pour insurrection armée et terrorisme. Les motivations des putschistes ne sont pas très claires : l’ancien chef de l’armée, aujourd’hui déchu, a expliqué vouloir « Restructurer la démocratie »En effet, des rumeurs circulent depuis mardi sur le possible limogeage de cet officier de haut rang.
Cependant, Juan José Zuniga avait pris position contre l’éventuelle candidature de l’ancien président Morales, rival de Luis Arce au sein du même parti de gauche, le Mouvement vers le socialisme (MAS). Les prochaines élections présidentielles de 2025 devraient voir les deux candidats, Luis Arce et Evo Morales, se battre pour l’investiture du parti. Le général a également confié que c’était l’actuel président lui-même, Luis Arce, qui lui avait demandé de réaliser ce coup d’État, pour augmenter sa cote de popularité, impossible à vérifier.
Pour comprendre, il faut revenir cinq ans en arrière. En 2019, face à l’entêtement d’Evo Morales à vouloir se maintenir au pouvoir, des troubles éclatent en Bolivie. Ils durent plusieurs semaines. L’ancien président Morales est contraint de démissionner et de quitter temporairement la Bolivie. Une sénatrice de l’opposition, Jeanine Anez Chavez, prend alors les rênes du pouvoir, qu’elle ne conservera qu’un an. Elle sera ensuite jetée en prison pour sédition, et elle y est toujours.
Lorsqu’une nouvelle élection est organisée en 2020, la gauche revient au pouvoir à travers le Mouvement vers le socialisme, le MAS. Mais depuis plusieurs mois, le parti est divisé entre les partisans de l’actuel président, Luis Arce, et ceux d’Evo Morales, qui s’est déjà présenté comme candidat pour 2025. En principe, il ne peut pas briguer un troisième mandat, par décision de la Cour constitutionnelle bolivienne.
Quant à Luis Arce, il n’a pas encore fait connaître sa décision mais il est très probable qu’il se représentera. Il y aurait donc deux candidats sous la même bannière du parti socialiste. Deux hommes dont la rivalité ne cesse de croître. Si la crise se poursuit, la droite aurait une chance inespérée de reconquérir la présidence de la Bolivie en 2025.