Vincent Clerc, PDG de l’armateur danois AP Moller-Maersk, n’avait pas exclu, début 2024, que les attaques contre des navires marchands dans le golfe d’Aden et la mer Rouge par les rebelles houthis du Yémen dureraient des mois, voire toute l’année, sans faire de pronostics sur les gains ou les pertes engendrées par la crise. Les événements ultérieurs lui ont donné raison sur le premier point ; et sur le second, ce sont les bénéfices – encore inférieurs à ceux attendus par les analystes – qui étaient au rendez-vous.
L’entreprise basée à Copenhague, deuxième plus grande compagnie mondiale de transport maritime par conteneurs, a annoncé mercredi 7 août un bénéfice net de 793 millions de dollars (726 millions d’euros) au deuxième trimestre, un chiffre conséquent malgré une chute de 45% par rapport à la même période en 2023. Un meilleur résultat qu’entre janvier et mars, quand le groupe n’avait généré que 177 millions de dollars. Depuis mai, il n’avait cessé de revoir à la hausse ses perspectives financières face à la demande de transport.
Fin juillet, le français CMA CGM annonçait un bénéfice de 1,4 milliard de dollars au titre du premier semestre, dont 661 millions entre avril et juin, pour un chiffre d’affaires stable à 29,4 milliards. « performance solide », tant dans le transport que dans la logistique, a commenté son PDG, Rodolphe Saadé. Le résultat financier a été plombé, selon le groupe marseillais, par les investissements dans un hub portuaire aux Antilles, par le fonds de décarbonation et par la Fondation Kyutai en faveur de l’intelligence artificielle… soit un total de 350 millions de dollars.
Selon le cabinet de conseil britannique Drewry, le prix moyen d’un conteneur de 40 pieds (68 mètres cubes) était de 5 736 dollars sur 1euh En août, on est loin des 1.761 dollars affichés un an plus tôt. On frôle même les 9.000 dollars sur certaines lignes, selon le cabinet Xeneta. Les armateurs répercutent la hausse des coûts de carburant, de main d’oeuvre et d’assurances liée aux tensions et au détournement des navires vers des eaux plus sûres.
Le transport maritime par conteneurs a été soutenu par une forte demande de l’Amérique du Nord et de l’Europe, qui se réapprovisionnent massivement depuis le printemps pour éviter les mauvaises surprises et préparer le boom de la consommation de fin d’année. Ainsi, la grande distribution a souvent payé plus cher que prévu dans le cadre de ses contrats à long terme avec les armateurs pour garantir que ses cargaisons arrivent à bon port et à temps. Le marché, qui était encore favorable aux grands affréteurs (Ikea, Walmart, Carrefour, etc.) fin 2023, s’est retourné en faveur des transporteurs.
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