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La demande de pardon du pape François saluée en Guadeloupe comme un acte fort

La demande de pardon formulée par le pape François le 1er octobre, au nom de l’Église catholique, a suscité de nombreuses réactions en Guadeloupe. De Mgr Philippe Guiougou, évêque de Guadeloupe à différentes personnalités du monde politique ou associatif, tous s’accordent pour saluer un acte très susceptible de panser les blessures encore vives de ce sombre passé. L’occasion aussi, sans doute, de redonner confiance dans l’Église.

« La confession de la blessure commence par la confession du péché commis » a rappelé le pape François lors de sa demande de pardon au nom de l’Église catholique, à l’ouverture du synode consacré à l’avenir de l’Église, le 1er octobre dernier. Cette demande de pardon pour son rôle dans l’esclavage et la colonisation fait suite à celle exprimée le 1er octobre dernier. 22 février 1992 par le pape Jean-Paul II, à Gorée, au Sénégal. Une suite plus concrète puisqu’elle implique un peu plus l’Église dans le rôle qu’elle a joué.

Cette période révèle une Église qui en même temps n’a pas toujours été du côté de l’esclave, qui a pu être complice d’un système par son silence ou son absence de condamnation franche dans les colonies de l’époque, et qui a peu à peu évolué dans son postes. Cette ambivalence tout au long de l’histoire est réelle.

Mgr Philippe Guiougou, évêque de Guadeloupe


Mgr Philippe Guiougou, évêque de Guadeloupe accueille la demande de pardon du pape François comme un acte fort


Par cette reconnaissance, l’Église accepte de relire sa propre histoire. Elle reconnaît également l’importance de son rôle dans l’institution de l’esclavage. Un acte salué par Luc Reinette, président du Comité international des peuples noirs (CIPN) qui estime que cette demande de pardon de l’Église doit aussi déboucher sur la voie des réparations.

Luc Reinette, président du Comité international des peuples noirs (CIPN)



©François-Joseph Ousselin et Mickaël Bastide – Guadeloupe la 1ère

Par ailleurs, cette demande de pardon fait suite à un mouvement en cours depuis longtemps dans la Caraïbe anglophone et qui a vu l’Église anglicane emprunter une telle voie en 2020. Une voie qui renvoie progressivement des hommes et des femmes mis en esclavage, à cause de leur couleur de peau, leur véritable identité humaine. Là encore, Julien Mérion, président de CO.RE.CA (Contact Research Caribbean) salue cette avancée.

Julien Mérion, président de CO.RE.CA



©François-Joseph Ousselin et Mickaël Bastide – Guadeloupe la 1ère

Mais l’Église doit aussi faire une telle relecture, en son sein, où les descendants des acteurs de la servitude côtoient ceux des victimes de l’esclavage, sans toujours donner autant de sens à leurs gestes rituels de paix.

Pour suivre la direction tracée par le Pape François d’un chemin de guérison, de réconciliation et d’harmonie, Mgr Guiougou prône une Église qui dénonce « toute forme d’exploitation de l’homme par l’homme et qui a le devoir de se souvenir de nos ancêtres victimes de cette période sombre de notre histoire. » Il suggère qu’un moment fort à dimension spirituelle, pourquoi pas œcuménique, pourrait être envisagé chaque année en Guadeloupe, en complément des commémorations officielles de l’abolition de l’esclavage.

Un devoir de mémoire pour ces hommes et ces femmes afin de continuer à construire un monde où le rejet de l’autre recule et où le vivre ensemble grandit pour le bien commun.

Mgr Guiougou, évêque de Guadeloupe

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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