Représentants démocrates et républicains ont voté ce mercredi 1er mai un élargissement de la définition de l’antisémitisme, sur fond de mobilisation étudiante pour Gaza. La mesure doit désormais passer entre les mains des sénateurs.
La Chambre des représentants américaine a voté mercredi 1er mai en faveur d’un élargissement de la définition de l’antisémitisme du ministère de l’Éducation, une mesure proposée en réponse aux manifestations pro-palestiniennes qui secouent les campus à travers le pays.
Une partie de la classe politique américaine accuse les manifestants dans les universités d’« antisémitisme », évoquant entre autres des slogans hostiles à Israël, grand allié des Etats-Unis au Moyen-Orient.
Une définition qui fait débat
Le projet de loi, adopté dans l’après-midi par les élus des deux bords, reprend la définition de l’antisémitisme proposée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).
Selon lui, « l’antisémitisme est une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme ciblent les individus juifs ou non juifs et/ou leurs biens, les institutions communautaires. et lieux de culte.
La définition inclut également « le ciblage de l’État d’Israël, considéré comme une communauté juive ». « Cependant, une critique d’Israël similaire à celle adressée à tout autre pays ne peut être considérée comme antisémite », précise-t-on.
Cette définition sera intégrée dans le Civil Rights Act de 1964, une loi anti-discrimination adoptée à la fin de la ségrégation raciale, précise l’agence AP.
« Il est grand temps que le Congrès agisse pour protéger les Juifs américains du fléau de l’antisémitisme sur les campus à travers le pays », a répondu mardi le représentant républicain Russell Fry de Caroline du Sud.
Liberté d’expression
Les critiques du projet de loi estiment cependant que cette définition empêche certaines critiques à l’égard de l’État d’Israël, que défend l’IHRA. Ils accusent les parlementaires de faire pression pour son adoption afin de restreindre la liberté d’expression sur les campus américains.
« Les commentaires critiques à l’égard d’Israël ne constituent pas en eux-mêmes une discrimination illégale », a prévenu le député démocrate Jerry Nadler, opposé au texte.
« Je ne crois pas que l’antisionisme soit intrinsèquement antisémite. Je soutiens le droit d’Israël à exister, mais je connais aussi de nombreuses personnes qui remettent en question l’existence d’Israël en tant qu’État juif et qui sont profondément attachées à leur judaïsme », a ajouté Sara Jacobs. un représentant démocrate de confession juive, sur X.
La loi « risque de limiter la liberté d’expression des étudiants sur les campus universitaires en assimilant à tort la critique du gouvernement israélien à l’antisémitisme », a également alerté l’American Civil Liberties Union, dans une lettre envoyée aux parlementaires citée par AP.
Pour entrer en vigueur, la mesure doit encore être adoptée au Sénat, où son avenir est encore incertain, puis promulguée par le président Biden.