La déclaration incendiaire du président de Lens sur l’accord avec DAZN et beIN Sports
Président de Lens et ardent défenseur d’une chaîne 100% Ligue 1, Joseph Oughourlian a ouvertement critiqué ce lundi l’accord de diffusion signé par la LFP avec beIN Sports et DAZN. Le dirigeant artois a notamment fustigé l’investissement financier nécessaire pour regarder les matchs du championnat de France qui va, selon lui, à l’encontre des intérêts des supporters et de ceux des clubs de l’élite.
Les langues commencent à se délient au lendemain de l’accord sur les droits TV de la Ligue 1. Alors que DAZN et beIN Sports se partageront les matchs français pour la période 2024-2029, cette solution ne convient pas à tous les clubs. Après la déclaration de John Textor dimanche, Joseph Oughourlian a imité le président de l’OL lundi. Via un message posté sur la plateforme LinkedIn, le propriétaire de Lens a fustigé la décision de la LFP et des autres dirigeants de la L1.
« Alors que l’interminable dossier des droits TV a rendu son verdict et que l’heure est aux satisfactions, je partage avec vous mes profondes inquiétudes exprimées à maintes reprises ces derniers jours. Non par fatalisme mais par ténacité », a commencé le dirigeant artois après l’annonce d’un accord à 500 millions d’euros par an. « Je suis un président inquiet pour ses supporters qui cherchent à regarder les matchs de leur club favori. Pour avoir accès à l’intégralité du championnat, il faudra désormais combiner un abonnement DAZN (8 matchs sur 9) dont le prix sera d’environ 35 euros et un abonnement beIN (pour le match du week-end) à 15 euros par mois. 50 euros mensuels, entre 500 et 600 annuels, c’est le prix (cher) à payer pour suivre la Ligue 1. »
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Un abonnement TV plus cher qu’un abonnement Bollaert
Président d’un club à forte identité populaire, Joseph Oughourlian a dénoncé le choix de la LFP et des présidents de clubs de valider l’accord avec DAZN et beIN Sports. A ses yeux, cette augmentation du prix pour regarder tous les matchs de Ligue 1 ne servira ni les supporters ni les équipes de l’élite. Ardent défenseur du lancement d’une chaîne 100% Ligue 1, celui qui a eu un âpre clash verbal avec Nasser al-Khelaïfi, partisan de l’accord avec DAZN et la chaîne qatarie, a insisté sur deux points essentiels. D’abord, ce nouveau contrat assure une somme très faible pour les clubs de L1. Ensuite, le coût pour les fans de foot n’a jamais été aussi élevé.
« Je suis un président qui s’inquiète de l’état financier du football français. 500 millions d’euros valorisés, cela fait finalement environ 9 millions d’euros pour le RCL. Jamais les clubs de L1 n’ont touché aussi peu de droits TV. A l’inverse, s’abonner à l’offre L1 a rarement représenté un tel effort financier pour les fans », a poursuivi Joseph Oughourlian, visiblement frustré par cet accord avec DAZN et beIN. « A titre de comparaison, payer l’offre TV cette saison sera plus cher que l’abonnement le plus cher à Bollaert (545 euros). Cette tarification ouvre clairement la voie au piratage. De plus, avec la visibilité des partenaires dégradée, c’est tout un modèle de revenus qu’il va falloir réinventer. »
Oughourlian dénonce « le pseudo-conservatisme des présidents »
Surtout, Joseph Oughourlian a dénoncé cette position des clubs français qui ne semblent pas avoir retenu la leçon de Mediapro. Ancien diffuseur de la L1, le groupe espagnol s’était retiré avant la fin de la première saison en raison de résultats jugés décevants et dans une campagne interrompue par la crise sanitaire. Selon le patron du RC Lens, les équipes de la LFP et de Ligue 1 auraient dû profiter de cette crise des droits TV pour repenser leur financement de manière durable et innovante. De même, le président des Sang et Or a regretté de voir beIN Sports rafler le meilleur choix (hors top 10) à la dernière minute.
« Par ailleurs, s’il y a toujours eu un consensus pour refuser de vendre l’affiche du jour à un joueur isolé, céder tardivement à cette tentation crée un retournement de situation où l’économique à court terme prend le pas sur la stratégie », a finalement estimé Joseph Oughourlian, dont Vincent Labrune n’a pas tari d’éloges lors de son audition devant les sénateurs.
Et Joseph Oughourlian conclut après une référence à Albert Einstein sur la folie : « Je crains que le pseudo-conservatisme des présidents ne nous y conduise tout droit. »