la décision qui pourrait révolutionner le mercato attendu ce vendredi
C’est ce vendredi 4 octobre que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) rendra sa décision dans l’affaire Lassana Diarra. Cela pourrait révolutionner le mercato et les contrats des joueurs.
Il s’agit d’un sujet tentaculaire susceptible de conduire à une révolution dans le monde du football. Une décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) attendue ce vendredi 3 octobre dans l’affaire Lassana Diarra pourrait bousculer le système des transferts en permettant à un joueur de résilier unilatéralement son contrat.
« D’une certaine manière, l’affaire Lassana Diarra, c’est l’affaire Bosman 2.0 », a déclaré à l’AFP l’avocat belge Jean-Louis Dupont, qui défend Diarra et était déjà impliqué il y a trente ans avec le Belge. Jean-Marc Bosman, à l’origine du jugement de 1995 qui porte son nom et qui a mis fin aux quotas de joueurs étrangers dans un club.
Pour une fois, un match décisif pour le football international se joue au Luxembourg, siège de cette juridiction européenne. « Si cet arrêt reflète les conclusions de l’avocat général de la CJUE, le système actuel des transferts Fifa aura pris fin », ajoute Me Dupont. Les règles qui avaient empêché Diarra de trouver un nouveau club d’employeurs « violent la libre circulation des travailleurs », affirme-t-il.
L’affaire remonte à 2014
L’avocat met en avant les conclusions rendues le 30 avril par le premier avocat général de la Cour de justice, le Polonais Maciej Szpunar, selon lesquelles les règles de la Fifa « limiter la capacité des clubs à recruter » seraient contraires au principe de libre concurrence au sein du UE. D’autres juristes familiers du dossier sont plus mesurés et ne prévoient pas un « arrêt Lassana Diarra » de l’ampleur de l’arrêt Bosman. Le cas du joueur belge, qui concernait déjà la libre circulation des joueurs, a fait voler en éclats toutes les règles limitant les joueurs de différentes nationalités dans les effectifs des clubs, libéralisant ainsi le marché des transferts en Europe.
Celui concernant le différend entre l’ancien international français (34 sélections) avec le Lokomotiv pourrait permettre à un joueur « dans le loft », c’est-à-dire clairement exclu du groupe, de résilier unilatéralement son contrat sans que son futur club n’assume aucune responsabilité sur le plan juridique. les risques et l’amende qu’il pourrait encourir. L’histoire remonte à dix ans. En 2014, « Lass » s’est mis en colère contre le club des cheminots de Moscou parce que celui-ci n’acceptait pas une réduction drastique de son salaire. Le Lokomotiv avait réclamé 20 millions d’euros, réduits à 10,5 millions d’euros, pour les dégâts.
Selon le règlement de la FIFA, si un joueur met fin à son contrat unilatéralement et « sans juste motif », il doit verser une indemnité qui comprend sa rémunération et ses avantages jusqu’à la fin de son contrat. Et un club acheteur pourrait être concerné par une indemnisation. De son côté, le joueur a demandé six millions d’euros à la Fifa, estimant que ses règles de transfert l’avaient empêché d’exercer son métier durant la majeure partie de la saison 2014-2015. Avec cette épée de Damoclès, les clubs ne se précipitaient pas pour recruter Diarra. En Belgique, Charleroi avait renoncé, craignant les éventuelles conséquences juridiques et financières.
De nombreux rebondissements
L’ancien Bleu, qui avait rebondi à l’OM en 2015, a décidé de porter l’affaire devant la justice, soutenu par le syndicat mondial des joueurs, la Fifpro. Après plusieurs rebondissements, le tribunal belge saisi, dont la FIFA contestait la compétence, a posé une question dite « préjudicielle » à la CJUE en 2022. En substance la question était la suivante : la réglementation du statut et du transfert des joueurs est-elle compatible ? avec le droit européen de la concurrence et la libre circulation ? Selon l’avocat général Szpunar, les dispositions appliquées par la Fifa « sont de nature à décourager et dissuader les clubs d’embaucher le joueur par crainte d’un risque financier ».
« Limiter la capacité des clubs à recruter des joueurs affecte nécessairement la concurrence entre clubs sur le marché de l’acquisition de joueurs professionnels », a encore argumenté l’avocat polonais. Si la CJUE devait suivre cet avis, les joueurs pourraient, s’ils se retrouvaient un jour au loft, quitter leur club sans craindre d’être juridiquement bloqués par la suite.