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La décision de la BCE d’abaisser son principal taux d’intérêt est « une bouffée d’air frais » pour la Fédération des promoteurs immobiliers



L’immobilier est un secteur en crise qui sonne l’alarme depuis des années. La Banque centrale européenne (BCE) a abaissé jeudi 12 septembre ses taux directeurs, pour la deuxième fois en trois mois, ce qui devrait assouplir les conditions de crédit pour les ménages et les entreprises. La BCE a abaissé son principal taux directeur de 0,25 point, face à la baisse de l’inflation, mais sans s’engager sur un nouvel assouplissement monétaire. Le taux sur les dépôts, qui est la référence, a été relevé à 3,50%.

franceinfo : Pour vous, c’est une bouffée d’air frais ?

Pascal Boulanger, président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI) : Oui, c’est vraiment une bouffée d’air frais. Ils viennent de baisser de 0,25 et on sait qu’un point rend solvable 10 % de la clientèle. Donc, on peut estimer qu’on aura rendu solvable 2,5 % de la clientèle. Ce n’est pas énorme, mais ça va dans la bonne direction.

S’il est plus facile et moins cher pour les banques d’emprunter, il sera potentiellement plus facile pour les acheteurs particuliers ou professionnels d’emprunter également. Pensez-vous qu’il y aura au moins un effet psychologique, au-delà d’une baisse du coût de l’emprunt, qui redynamisera votre marché ?

Cela va dans la bonne direction. De là à revitaliser le marché, non, je ne pense pas. Cela va l’améliorer. Dans cette crise profonde, violente, que nous traversons, c’est une bonne nouvelle. Cela ne va pas tout changer.

Le secteur de la construction neuve se porte mal aujourd’hui, de pire en pire ?

Écoutez, je suis l’oiseau de mauvais augure. Chaque trimestre, j’annonce qu’on a touché le fond et chaque trimestre, on est encore pire que le trimestre précédent ou le trimestre n-1. On est maintenant à peu près à la moitié, tant en ventes qu’en réservations, d’une année normale. On est donc à -50 et on continue à baisser. On va finir l’année, peut-être à -60, -65, on verra. Donc ça va très mal, évidemment. Comment voulez-vous faire un business model quand vous êtes à 35 ou 40% de votre objectif ?

Il n’y a pas de demande, il n’y a pas non plus d’offre. Tout est bloqué ?

Tout est bloqué. Au début, on avait un problème d’offre. Les maires n’aimaient plus donner les permis de construire. Les maires qui étaient constructeurs n’étaient plus à la mode. Et depuis la hausse des taux d’intérêt, on n’a plus de demande, on a une demande qui n’a pas été solvable. Donc comme on n’a pas beaucoup de demande, on ne met plus rien dans l’offre et la crise alimente la crise. C’est ça le vrai problème, c’est qu’aujourd’hui, j’ai un problème de demande. Le jour où la demande reviendra, et elle reviendra, je pense, le jour même, je dirais, j’ai un problème d’offre parce que comme on ne met plus rien dans l’offre, quand il y aura de la demande, on n’aura pas assez d’offre. C’est assez kafkaïen d’ailleurs.

Parce que parfois il y a des projets qui sont autorisés par les élus, mais qui n’aboutissent toujours pas ?

Oui, bien sûr, j’ai mis en circuit une nouvelle statistique dans nos statistiques. J’ai fait ma conférence de presse il y a une semaine où on a 23% de retraits de logements pour des raisons commerciales, pas pour des raisons techniques, pas pour des raisons juridiques, pour des raisons commerciales. On a essayé de vendre, ça ne se vend pas, on retire. Donc, aujourd’hui, ce problème d’offre que j’entends parfois est obsolète, c’est vraiment de relancer cette demande qui existe. Le besoin est là, la demande est là, mais elle n’est pas forcément solvable. Et une fois qu’on aura relancé cette demande, on traitera le problème de l’offre qui sera insuffisante.

Quel impact cela a-t-il sur vous, promoteurs immobiliers ? Certains d’entre vous sont-ils obligés de procéder à des licenciements ? Ou de fermer complètement vos portes ?

Il y a de tout. En fait, le secret, c’est le cash flow et les capitaux propres. Ceux qui ont beaucoup de cash flow et de capitaux propres font profil bas, mais tous, quelle que soit leur taille, du plus petit au plus gros promoteur français, ont tous licencié du personnel, tous réduisent leur voilure, si vous me permettez l’expression. Et certains ont déjà fermé leurs portes, malheureusement. Mais ça, je l’annonce depuis longtemps.

La situation est-elle la même dans toutes les régions de France ?

Oui, c’est plutôt un problème national, c’est une situation nationale. C’est un problème qui est mondial. Il n’y a pas de confiance, il n’y a pas de financement. Donc oui, c’est national.

Il n’y a pas de marge de manœuvre, vous dites que vous ne pouvez pas baisser vos prix ?

Non, c’était le grand débat qu’on a eu avec le gouvernement qui disait, mais le logement est trop cher, alors faisons un peu souffrir les professionnels, ils s’adapteront. Et mon débat a toujours été de dire non, on n’a pas de marge de manœuvre, nos marges sont très faibles. Et donc que se passe-t-il ? On ne baisse pas nos prix parce que techniquement, on ne peut pas le faire. On sort du marché.

Nous avons un nouveau Premier ministre, Michel Barnier. Il s’est déjà exprimé à plusieurs reprises. Ses discours vous ont-ils donné confiance ou vous ont-ils inquiété ? Avez-vous déjà eu des discussions avec lui ?

Les discours du Premier ministre Michel Barnier sont plutôt rassurants pour nous. A chaque fois qu’il intervient, il dit qu’il faudra s’attaquer au logement et notamment à la construction de logements. Je sais donc qu’il s’y intéresse. J’ai eu des contacts un peu unilatéraux. Ce sont des messages que j’ai laissés par SMS. Je n’ai pas eu de réponse, mais je sais qu’il a parlé à quelques députés ou sénateurs qui m’ont fait part de leurs réactions.

Il le sait très bien, ça va très mal, on est à mi-parcours de l’année normale, c’est un contre-la-montre pour nous. Il y a le PLFR qui va arriver, etc. On n’a pas vraiment le temps.

« Une solution très simple : ne pas arrêter Pinel à la fin de l’année, mais le reporter de trois ans. »

Pascal Boulanger, Président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers

à franceinfo

Le dispositif Pinel doit prendre fin le 31 décembre 2024. Nous demandons qu’il soit reporté de trois ans supplémentaires. Et dans la version qu’était le dispositif Pinel avant 2022.

Le dispositif Pinel est un dispositif d’investissement locatif qui permet aux particuliers d’acheter un bien immobilier neuf avec une réduction d’impôt à condition de pratiquer des loyers plafonnés, mais normalement cela devrait s’arrêter à la fin de l’année. Il n’y a pas encore de budget, il n’y a pas encore de gouvernement. Vous vous dites donc que ce n’est pas encore perdu ?

Ce n’est pas encore perdu. Parce qu’en plus, la semaine dernière, la Cour des comptes a rendu un rapport sur Pinel qui était favorable, pas parfait, mais favorable. Qui dit que c’est comme ça que les locataires sont contents. Pinel permet aussi de lancer des programmes parce que les investisseurs viennent au début. Il permet de lancer des programmes de logements sociaux. Il y a une crise du logement social. Nous, les promoteurs privés, les FPI, on produit 54 % des logements sociaux en France. Comme on en fait deux fois moins, à un prix juste, on produit deux fois moins de logements sociaux que d’habitude. Donc Pinel a cet effet vertueux qui permet de déclencher des programmes. Là, on est dans l’urgence médicale. Et la réponse à l’urgence médicale, ce n’est pas d’arrêter Pinel au 31 décembre. On le remet dans la version qui fonctionnait bien avant le 31 décembre 2022. Et vous verrez, ça va marcher.

Ce rapport de la Cour des comptes explique qu’il n’a rempli qu’imparfaitement son objectif constructif, mais qu’il a largement contribué à déclencher des opérations immobilières qui n’auraient pas pu être menées à bien, ou auraient pu l’être moins rapidement. Il est impossible d’en évaluer précisément l’impact, précise la Cour.

francetvinfo

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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