la déception des électeurs du RN après les législatives, comparée à la joie de ceux du NFP

Alors que les derniers sondages donnaient au Rassemblement national au moins une majorité relative à l’Assemblée nationale, les électeurs du parti dirigé par Marine Le Pen et Jordan Bardella ont eu la désagréable surprise de découvrir la victoire du Nouveau Front populaire au soir du second tour des législatives.

L’annonce des résultats du second tour des législatives a eu l’effet d’un coup de massue sur les électeurs du Rassemblement national. Alors que le parti d’extrême droite était sorti vainqueur du premier tour et était donné en tête au second par les sondages, il a finalement obtenu moins de sièges à l’Assemblée nationale que le Nouveau Front populaire et la majorité présidentielle.

« Les Français ont cédé à la manipulation, pendant une semaine on nous a fait croire que c’était le retour du nazisme et du fascisme, il n’y a pas eu de débat sur le fond et malheureusement ce soir ce n’était pas la raison, c’est plus l’émotion qui a gagné contre nous », déplore un militant au siège du Rassemblement national.

Plusieurs pointent du doigt les retraits de plusieurs députés de l’alliance de gauche et du camp présidentiel dans certaines circonscriptions afin de faire barrage à l’extrême droite.

« On s’attendait à beaucoup plus, tous les sondages le disaient, tous ces blocages, ces retraits, ne répondent pas aux aspirations réelles du peuple français », estime un électeur.

« Une arnaque impossible »

Même sentiment à Nice, chez les militants d’Éric Ciotti, qui s’est allié au RN pour l’élection et qui ont parlé ce lundi matin de « coup d’Etat démocratique ».

« Je suis dégoûté, dégoûté par ces résultats (…) Une arnaque impossible, c’est un vote qui s’est transformé en vote anti-droite », dénonce l’un d’eux. « Je ne comprends pas, je n’arrive pas à comprendre. »

Un électeur de Wissembourg, en Alsace, se dit lui aussi « déçu, dégoûté », et ne comprend pas pourquoi l’ombre de Jean-Marie Le Pen plane encore sur le parti. « Le Le Pen de l’époque, c’est fini, le racisme, le racisme, le racisme, je ne suis pas raciste et j’ai voté RN », se défend-il.

Avec l’arrivée de la nouvelle majorité de gauche à l’Assemblée, pour certains, la perspective de « changements » s’éloigne. « Il n’y aura pas de changement, et ce sera encore la même histoire », déplore un électeur. « Il est certain qu’en termes de changements, les choses vont encore empirer », ajoute un autre.

La bonne surprise des électeurs de gauche

Si la désillusion des électeurs du RN est immense, le parti réalise tout de même son meilleur score lors d’une élection législative. Avec ses alliés, il obtient 143 députés selon les dernières projections, contre 8 en 2017 et 89 en 2022. Un bilan défendu par Marine Le Pen qui souligne que la « marée monte », même si elle « n’est pas montée assez haut cette fois-ci ».

« Ça continue de monter, et par conséquent notre victoire n’est que retardée », assure celle qui a été réélue dès le premier tour dans le Pas-de-Calais, déplorant une alliance « contre nature » entre la gauche et le camp présidentiel.

A l’inverse, les électeurs du Nouveau Front populaire ont été agréablement surpris de voir la gauche arriver en tête. Une surprise qui s’est traduite par des cris de joie à l’annonce des résultats à Paris. « J’ai vraiment cru qu’on allait en enfer », a expliqué un militant. Place de la République, cette joie s’est transformée en fête qui a duré jusque tard dans la nuit.