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La Croatie, les secrets d’un petit pays mais d’une grande nation

DÉCRYPTION – Avec seulement 4 millions d’habitants, la Croatie s’est imposée comme une nation majeure du football mondial. Elle affronte l’Albanie ce mercredi (15 heures) pour échapper au groupe de la mort à l’Euro.

C’est « avec grand plaisir » que Miroslav Tomasevic a accepté de nous parler du Dinamo Zagreb et, indirectement, du football croate. Le sourire de cet ancien journaliste aux 20 ans de carrière, désormais employé par le plus grand club du pays, s’entend au téléphone. La Croatie est une nation humble et travailleuse, surtout en matière de sport, les résultats le prouvent, mais elle est également fière de ce qu’elle a accompli.

Finale de la Coupe du monde en 2018, 3e place en 2022, finale de la Ligue des Nations 2023 : la Croatie est redoutée. Pas de trophées, mais des performances toujours au-dessus de ses moyens pour ce pays de seulement 4 millions d’habitants. Pas seulement dans le football. Lors de 9 Jeux olympiques d’été, il compte 33 médailles, dont 11 d’or. « Nous le devons à l’incroyable passion et au patriotisme de nos athlètes lorsqu’il s’agit de représenter la Croatie »estime Marijan Kustic, président de la Fédération croate de football (HNS).

Le sport, une évasion après la guerre

Kustic cite le basketteur Drazen Petrovic, ancienne star de la NBA, et le joueur de tennis Goran Ivanisevic, vainqueur de Wimbledon en 2001 et ancien entraîneur de Novak Djokovic, parmi les premières locomotives du sport croate. Il est impossible de comprendre l’importance du sport, et donc du football, dans ce pays des Balkans sans se pencher sur son histoire. La Croatie a déclaré son indépendance lors de l’éclatement de la Yougoslavie en 1991, après quatre ans de guerre.

« Le sport nous a donné des raisons d’être heureux dans les moments difficiles et nous a offert une reconnaissance internationale », partage Marijan Kustic, 49 ans et né à Rijeka, en ex-Yougoslavie. La Coupe du Monde 1998, où la Croatie avait créé la sensation en France avec une troisième place, « a joué un rôle clé en faisant découvrir au monde des pays petits mais passionnés, talentueux et fiers »estime le dirigeant.

Des supporters croates au Portugal lors du match amical de leur équipe le 8 juin.
SPP / Panoramique

En matière de football, la Croatie démarre loin derrière les nations historiques (France, Allemagne, Espagne, Italie, Angleterre). Elle a naturellement assumé le rôle d’entraîneur, offrant de grands talents aux meilleurs clubs, des anciens Davor Suker et Zvonimir Boban aux plus récents Dejan Lovren, Mario Mandzukic, Marcelo Brozovic, Matteo Kovacic ou le Ballon d’Or 2018 Luka Modric. . Quel est le point commun entre ces sept joueurs ? Un club : le Dinamo Zagreb.

« Dans l’ex-Yougoslavie, il n’y avait pas d’équipe croate, explique Miroslav Tomasevic. Les Croates s’identifiaient principalement à travers le Dinamo et son fort accent croate. Visible à travers le damier rouge et blanc, devenu symbole national et présent sur le drapeau du pays.

Patience, patriotisme et créativité

En concentrant ses efforts à travers le club de Zagreb, et en prenant le temps de polir ses diamants (Modric a été prêté à deux clubs modestes avant d’émerger), la Croatie a pu s’appuyer sur un centre de formation de renommée mondiale. Alors qu’il n’a que 16 ans, l’Espagnol Dani Olmo quitte le FC Barcelone pour parfaire sa formation au Dinamo. Il a aujourd’hui 26 ans et a remporté la dernière Ligue des nations en finale contre… la Croatie (0-0, 4-5 aux tirs au but).

Au fil du temps, la nation bordée par la mer Adriatique a développé son style, hérité en partie de l’ex-Yougoslavie. « Traditionnellement, notre force réside dans la qualité technique et la créativité de nos joueurs.retrace le président Marijan Kustic. Qu’il s’agisse de Modric, Rakitic ou Kovacic, nous avons toujours eu ces parcours talentueux, et notre philosophie est de laisser leur talent s’exprimer.

Mateo Kovacic devant le milieu de terrain espagnol Pedri lors du premier match de la Croatie à l’Euro 2024.
CHRISTOPHE SIMON / AFP

C’est ce que fait l’entraîneur Zlatko Dalic, en poste depuis 2018, censé être un simple intérimaire à la tête du « Vatreni » (littéralement « l’ardent » ou « le fougueux ») dont il a finalement atteint la finale du Mondial. Tasse. Il leur a fait croire que la Croatie pouvait gagner, que son système 4-3-3 (parfois 4-2-3-1) pouvait déstabiliser les plus gros joueurs.

Ce fut le cas face au Portugal lors de son dernier match de préparation le 8 juin (victoire 1-2). Pas contre l’Espagne pour son entrée dans l’Euro 2024 samedi dernier (3-0). « Nous avons manqué d’énergie et d’agressivité», a pesté Dalic, dont les ouailles sont déjà dos au mur.

Ils n’ont pas le droit à l’erreur contre l’Albanie ce mercredi (15 heures), car derrière eux, c’est le champion d’Europe en titre, l’Italie, qui les attend. Ils ont d’ailleurs raté leur titularisation lors du Mondial 2022 face au Maroc (0-0) pour finalement accéder au dernier carré. Il en faudra bien plus pour déstabiliser la fière nation croate.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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