La crise en mer Rouge perturbe le transport maritime
Les attaques contre des navires en mer Rouge par les rebelles Houthis continuent de perturber le commerce maritime mondial. Six mois après le début de la crise, les prix du fret s’envolent, les routes s’allongent et plusieurs ports méditerranéens sont saturés.
Malgré la mise en place par Washington d’une force multinationale de protection maritime début 2024, les rebelles yéménites continuent d’attaquer, au nom de la solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, les navires entretenant des liaisons avec Israël et passant par le détroit de Bab Al-Mandab, proche au canal de Suez.
Loin de faiblir, la menace a même augmenté d’un cran. Le 26 avril, un drone percute le porte-conteneurs MSC-Orion sans causer de dégâts ni de victimes importants, alors qu’il se trouvait à 600 kilomètres des côtes du Yémen, au milieu de l’océan Indien, un rayon d’action qui n’avait jamais été aussi large. Plus d’une cinquantaine de navires ont été visés par des attaques depuis novembre 2023. L’un a été coulé, un autre arraisonné par les rebelles. « Les armateurs se rendent compte que la crise est là pour durer et ils mettent en œuvre une nouvelle réorganisation avec de nouveaux services »observe Pierre Cariou, économiste spécialisé dans le transport maritime à Kedge Business School.
Ces attaques obligent les compagnies maritimes à détourner leurs navires du canal de Suez vers le cap de Bonne-Espérance, à la pointe sud de l’Afrique, prolongeant de plus de 21 000 kilomètres les voyages entre l’Europe et l’Asie. Selon les données du site PortWatch, géré par le Fonds monétaire international (FMI), entre quinze et trente-cinq porte-conteneurs transitaient chaque jour par le canal de Suez début mai, contre 70 à 80 fin novembre. 2023, une baisse de moitié.
Augmentation de la demande
Une réorganisation avant tout synonyme de désorganisation pour les clients des compagnies maritimes qui s’inquiètent des ruptures d’approvisionnement. « On ne sait plus où sont nos marchandises, on est dans le flou… Des conteneurs sont déchargés en route, alors qu’ils ne devraient pas l’être, car ils transportent du matériel sensible »fulmine Jean-Michel Garcia, de l’Association des usagers du transport de marchandises. A cela s’ajoutent des frais supplémentaires, qui nous sont facturés par les compagnies maritimes et qui ne sont ni expliqués, ni explicables, et leurs tarifs longue durée ne sont plus respectés. »
Alors que le taux de fret avait baissé au cours des premiers mois de l’année, il a soudainement recommencé à augmenter. L’indice mondial des conteneurs de Drewry a augmenté de plus de 16 % au cours de la première quinzaine de mai, passant de 2 706 dollars (2 490 euros) à 3 159 dollars (2 912 euros) pour le transport d’un conteneur de 40 livres. pieds (12,20 mètres) vers ou depuis les États-Unis, l’Europe et l’Asie.
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