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La Cour suprême bloque l’accord protégeant la famille Sackler de futurs procès – Libération

Le ministère de la Justice a critiqué cet accord conclu en 2022 pour protéger la famille propriétaire du laboratoire Purdue de toute poursuite future, y compris de la part de victimes n’ayant pas consenti.

Pour régler deux décennies de crise et rendre justice à plus de 700.000 victimes, quelques milliards de dollars ne suffiront pas. La Cour suprême des Etats-Unis a rejeté jeudi 27 juin la validité d’un accord d’indemnisation d’environ 6 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros) dans la crise des opioïdes au motif qu’il exonérait la famille Sackler, propriétaire du laboratoire Purdue, de toute poursuite future des victimes.

Le tribunal a statué à une majorité de 5 contre 4. Le ministère de la Justice a critiqué le règlement, conclu en 2022 avec les 50 États, les gouvernements locaux et les victimes individuelles et confirmé par une cour d’appel fédérale, pour avoir protégé la famille Sackler de tout procès futur, y compris de la part de victimes qui n’avaient pas consenti.

« Le Code des faillites n’autorise (…) l’immunité de poursuites sans le consentement des plaignants concernés. »rédigé au nom de la majorité de Neil Gorsuch, rejointe par trois autres juges conservateurs et un progressiste. Les Sackler sont accusés d’avoir fait la promotion agressive de leur médicament contre la douleur OxyContin pendant des années, tout en sachant qu’il créait une forte dépendance. La vente de ce produit leur a rapporté des dizaines de milliards de dollars.

La surprescription de cet opioïde est généralement considérée comme le déclencheur de la crise qui a fait plus d’un demi-million de victimes en vingt ans aux Etats-Unis. Visé par une avalanche de poursuites judiciaires, le laboratoire pharmaceutique Purdue s’est déclaré en faillite en 2019 et négocie depuis un plan dont la dernière mouture prévoit sa fermeture d’ici 2024 aux Etats-Unis au profit d’une nouvelle entité et le versement d’au moins 5,5 milliards de dollars sur dix-huit ans.

Des juges déchirés

En août, la Cour suprême a suspendu l’accord à la demande du gouvernement. Lors des débats de novembre, les neuf juges étaient inhabituellement tiraillés entre le risque de mettre en péril l’indemnisation des victimes et la possibilité qu’un tribunal des faillites protège les Sackler contre de futurs procès.

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Si le syndic de faillite du ministère de la Justice, qui conteste cet accord, « Gagne le procès, des milliards de dollars sont réservés à la prévention des opioïdes et compensation s’évaporera et les créanciers et les victimes se retrouveront sans rien.a fait valoir l’avocat du laboratoire, Gregory Garre.

Son collègue représentant les victimes qui ont signé l’accord, Pratik Shah, a également estimé « il est irresponsable de la part du syndic de faillite de suggérer qu’il existe une sorte d’alternative secrète à l’obtention d’une réparation »affirmant que « Sans l’exonération, le plan s’effondrera ».

« Nous disons qu’il y a d’autres victimes d’opioïdes qui ont également subi des préjudices tragiques et qui disent qu’elles ne consentent pas à ce que leurs droits soient supprimés de force », avait répondu l’avocat du gouvernement, Curtis Gannon. Le ministère de la Justice a également indiqué que les Sackler avaient « siphonné » environ 11 milliards de dollars de l’entreprise dans les années précédant sa faillite en 2019.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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